En partenariat avec l'université d'Arizona, la NASA a décidé d'enfin mettre à la disposition du public l'intégralité des nombreuses photographies prises par les astronautes des missions Apollo sur et autour de la Lune il y a près de quarante ans, en respectant la très haute résolution de ces images argentiques.

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    Cette photo prise à la surface de la Lune au cours d'Apollo 17 a été mise de côté en raison du contre-jour et de la surexposition qui affectent une partie de l'image. Crédit NASA.

    Cette photo prise à la surface de la Lune au cours d'Apollo 17 a été mise de côté en raison du contre-jour et de la surexposition qui affectent une partie de l'image. Crédit NASA.

    La décision n'est pas anodine, et a été saluée par l'entièreté de la communauté scientifique. Car en effet, seules de très rares personnes ont eu l'occasion d'examiner réellement ces images sur les films originaux, qui sont conservés dans des conditions de préservation et de sécurité dignes de leur valeur inestimable.

    Approximativement 36.000 photographiesphotographies ont été prises au cours des missions ApolloApollo entre 1968 et 1972, dont une bonne partie à la surface de notre satellite naturel. Certaines par des caméras automatiques, mais beaucoup - et ce sont de loin les plus demandées - au moyen d'appareils directement manipulés par les astronautes (essentiellement des Hasselblad EL et DC au format 70 mm).


    Le site de démonstration développé par l'université d'Arizona. Copie d'écran.

    Or, il s'agit là de documents extraordinairement précieux, mais aussi très fragiles étant donné la nature du support. Lors de leur retour sur Terre, les films ont été immédiatement développés au Johnson Space Center et copiés par contact, les originaux étant renfermés dans des armoires climatisées sous atmosphèreatmosphère contrôlée. Les copies elles-mêmes ont été utilisées comme s'il s'agissait d'originaux, et seules des copies de second niveau ont été distribuées aux laboratoires et à la presse.

    Mais alors que ce procédé garantissait à l'époque la meilleure qualité de reproduction, la numérisationnumérisation des documents permet aujourd'hui une résolutionrésolution bien supérieure, au moyen de laquelle chaque grain de l'image argentique peut être mis en évidence. C'est à cette tâche que s'est attelée la NASA, au prix d'un très long traitement de l'ensemble de la collection d'images lunaires devant durer environ trois années au moyen d'un scanner spécialement adapté... et de précautions infinies.

    Le traitement

    La première étape de ce traitement implique d'extraire les films de leurs armoires, on devrait plutôt dire de leurs coffres-forts. Car il n'est pas certain que les réserves d'or de Fort Knox soient gardées avec le même niveau de sécurité...

    Les rouleaux de pellicule se trouvent actuellement au Film Archive (Building 8) du Johnson Space Center, conservés dans des boîtes métalliques renfermées dans des congélateurs sous une température de - 17,7°C (0°F), situés eux-mêmes dans des salles réfrigérées à 12,7°C. Une procédure rigoureuse a été mise au point pour l'extraction et l'utilisation des films.

    Intérieur de la chambre froide contenant de nombreuses archives. A gauche, le congélateur renfermant les précieux films argentiques. Crédit NASA/Univ. Arizona.

    Intérieur de la chambre froide contenant de nombreuses archives. A gauche, le congélateur renfermant les précieux films argentiques. Crédit NASA/Univ. Arizona.

    La boîte est d'abord identifiée par son numéro d'ordre, puis retirée et transférée du congélateur à la salle réfrigérée, où elle est laissée 24 heures afin de réaliser l'équilibre thermique. Elle est ensuite placée en température ambiante, avec un nouveau délai de 24 heures avant ouverture. Après numérisation, le film est ensuite réintroduit dans sa boîte, et replacé au congélateur.

    Boîtes contenant les rouleaux de pellicule à l'intérieur du congélateur. Crédit NASA/Univ. Arizona.

    Boîtes contenant les rouleaux de pellicule à l'intérieur du congélateur. Crédit NASA/Univ. Arizona.

    C'est un scanner de type Leica DSW700 qui est utilisé, permettant une résolution de 200 pixelspixels au millimètre. La résolution des images atteint alors 12800 x 12800 pixels pour les images N&B de 70 x 70 mm (pour un volume de 313 Mo), et jusqu'à 25400 x 244000 pixels pour les 4612 vues panoramiques (11,821 Go).

    La mise à disposition

    Les images en haute résolution ainsi obtenues seront mises à la disposition du public sur un site dédié de la NASA, où elles pourront être examinées directement au moyen d'une visionneuse FlashFlash, ou téléchargées sous différents formats. Ceux-ci comprendront plusieurs niveaux de résolution, depuis le "small PNG" de 7 Mo jusqu'au RAWRAW (en TIFF) de 1,3 Go. Celui-ci permet une résolution de 6 mètres par pixel pour les images du sol lunaire prises depuis l'orbite.

    Une page de démonstration a déjà été mise en place par l'Agence spatiale, avec une demi-douzaine d'exemples qui démontrent les possibilités du dispositif, amené à s'enrichir au fur et à mesure de la numérisation des documents.

    Mais ce travail permettra aussi aux amateurs de découvrir de véritables trésors, comme des documents n'ayant jamais été publiés car considérés à l'époque comme dénués d'intérêt, comme les trois images que nous présentons ci-dessous.

    Image du site Futura Sciences

    Cette image inédite est restée dans les armoires de la NASA… Il s'agit en fait de la bande amorce d'un film réversible Ektachrome MS utilisé dans un Hasselblad EL lors de la mission Apollo 11, dont une petite partie révèle un fragment de sol lunaire. Remarquez l'adhésif qui attachait la pellicule au moyeu de la bobine... Crédit NASA.
    Image du site Futura Sciences

    Idem pour cette autre bande amorce, prise au cours de la même mission. Crédit NASA.