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Le télescope spatial Hubble photographié après sa dernière visite de maintenance. Crédit Nasa
La panne survenue le 27 septembre dernier et qui a eu pour effet de paralyser complètement le télescope spatial Hubble aurait pu passer au rang de mauvais souvenir... si la longue procédure de remise en route de l'unité de formatageformatage de réserve (CU/SDF, ou Control Unit/Science Data Formatter) et de ses cinq systèmes associés s'était accomplie comme le souhaitaient les ingénieurs.
Pour cette réparation à distance, les techniciens du centre Goddard de la Nasa n'avaient pas le droit à l'erreur. Le CU/SDF est en fait un ordinateurordinateur basique, chargé de collecter et centraliser les données provenant des cinq instruments scientifiques du télescope spatial, de les stocker, puis de les répartir entre leurs différents destinataires sur Terre. Véritable nerfnerf optique de Hubble, il conditionne le fonctionnement du prestigieux instrument.
Schéma du CU/SDF. Crédit Nasa
L'importance de cet appareil avait incité les techniciens à installer à bord de Hubble un second CU/SDF de réserve nommé « side 2 » et l'intervention, très simple dans son principe, consistait à basculer le système de transmission de l'un sur l'autre. En fait, c'était un peu plus complexe... Chaque instrument scientifique possède sa propre interface de communication, reliée physiquement au CU/SDF, et qui doit suivre la même procédure.
Début de ce mois d'octobre, les techniciens décidaient donc de vérifier soigneusement chaque appareil au moyen de procédures de tests dont certaines n'avaient plus été utilisées depuis une dizaine d'années, puis de mettre complètement hors circuit l'instrumentation scientifique ainsi que les systèmes associés, y compris le CU/SDF side 1. La voie était désormais libre pour remettre en route le CU/SDF side 2, un système informatique sophistiqué pour l'époque mais remontant tout de même à la génération Windows 3.1. Qui plus est, cet ordinateur n'avait jamais été activé depuis sa mise en orbite il y a 18 ans.
Réveil difficile
Au début des opérations, tout s'est parfaitement déroulé et CU/SDF side 2 est bien sorti de son long sommeilsommeil. « Je n'irais pas jusqu'à dire que la procédure était risquée, mais il s'agissait d'une marche à suivre complexe et que nous n'avions jamais effectuée auparavant », confiait alors Art Whipple, directeur des services de maintenance et du système du télescope spatial au centre Goddard de la Nasa.
Mais les techniciens devaient encore procéder à divers étalonnages des instruments avant leur remise en service, espérant que Hubble pourrait retrouver toutes ses capacités en cette fin de semaine.
Las ! Le lendemain jeudi 16 octobre à 13 h 40 locales, alors que l'activation de l'instrument ACS (Advanced Camera for Surveys) était en cours, une défaillance a été constatée au niveau d'une source d'alimentation à basse tensionbasse tension et la procédure s'est interrompue.
La salle de contrôle des instruments de Hubble. Crédit Nasa
Un briefing a été organisé à 17 h pour tenter de déterminer la source du problème. Alors même que se déroulait cette réunion, une seconde défaillance se produisait et le fonctionnement du CU/SDF était interrompu... L'ordinateur principal de Hubble lui-même (un HST486) venait en effet de placer le CU/SDF en mode de sécurité suite à l'absence de signal provenant du SI C&DH (SI Command and Data Handling), un ordinateur assurant le transfert des données entre les instruments scientifiques et le télescope spatial.
Logiquement, les techniciens décidaient alors de procéder à un vidage mémoire du CU/SDF et d'en examiner le contenu. Cette analyse minutieuse, terminée vendredi 17 octobre, permettait d'établir qu'il n'existait aucun lien entre la défaillance de l'ordinateur et la panne du 27 septembre dernier.
Des solutions à trouver
Les premières constatations pencheraient plutôt vers un problème au niveau du CU/SDF side 2, qui rappelons-le, n'avait jamais été mis en service depuis le lancement. L'ordinateur principal de Hubble, quant à lui, continue d'accomplir parfaitement les instructions qui lui sont transmises depuis le centre de contrôle, et tous ses sous-systèmes fonctionnent parfaitement.
La réactivationréactivation du télescope spatial ne s'est donc pas accomplie aussi bien qu'on ne l'espérait... D'autres procédures sont actuellement envisagées, et testées sur une réplique de Hubble installée dans une salle stérile du Centre Goddard dans le cadre d'un programme de tests (HST Program's Vehicle Electrical System Test Facility). L'option actuellement la plus vraisemblable serait de laisser provisoirement l'instrument fonctionner de façon hybridehybride, faisant appel, de façon complémentaire, à la fois au CU/SDF side 1 et au side 2.