Pour la première fois, un instrument scientifique français part faire des mesures sur la Lune. À bord de la mission chinoise de retour d’échantillons, l’instrument Dorn va détecter du radon à la surface de la face cachée. Décollage le 3 mai.


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    La coopération spatialecoopération spatiale entre le Cnes et l'agence spatiale chinoise (CNSA) nous emmène désormais jusqu'à la Lune. Parmi d'autres instruments internationaux, Chang’e 6 embarque le détecteur de radon Dorn (Detection of Outgassing RadoN) développé à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie, à Toulouse. Les mesures permettront de tracer la présence d'uranium.

    Les secrets du transport du radon

    Le radon est un gaz qui provient notamment de la désintégration de l'uranium 238 dans le sous-sol sélène. Il s'en échappe grâce à des microséismes. Au bout de cinq jours d'existence, le radon se désintègre à son tour, devenant du poloniumpolonium, ce qui libère des particules alpha. Ce sont ces particules (également émises par le polonium) qui seront détectées par Dorn, à l'aide de ses huit cellules.

    Le détecteur de radon français Dorn, en salle blanche à l'Irap l'été dernier, avant son départ pour la Chine. © Daniel Chrétien, Futura
    Le détecteur de radon français Dorn, en salle blanche à l'Irap l'été dernier, avant son départ pour la Chine. © Daniel Chrétien, Futura

    Les mesures in situ prises par Dorn compléteront celles prises en orbiteorbite par des missions Apollo, mais avec une bien meilleure précision. Ainsi, on aura une meilleure connaissance du cycle du radon et du transport des gaz (dont la vapeur d’eau) sur la Lune, qui n'a pas d'atmosphèreatmosphère. La détection durera toutefois seulement une trentaine d'heures car les opérations de prélèvement d'échantillons par Chang'e 6 dureront deux jours tout au plus.

    Une complexe collaboration

    L’instrument a été réalisé en trois ans et demi, un temps record pour un instrument inédit dont le développement dure généralement entre 5 et 10 ans. De plus, les interactions entre les équipes chinoise et française ont été fortement bousculées par la crise de la Covid-19Covid-19, mais aussi par la barrière linguistique, ou encore par le choix tardif du site d'atterrissage (cratère ApolloApollo, dans le bassin Aitken).

    Le cycle du radon sur la Lune. © Pierre-Yves Meslin, IRAP, CNSA
    Le cycle du radon sur la Lune. © Pierre-Yves Meslin, IRAP, CNSA

    Le design de l'architecture thermique a dû être le plus flexible possible et l'équipe française a dû parier sur son design d'interface entre l'instrument et l'atterrisseur, faute d'informations côté chinois. Des corrections de codes ont été apportées à l'intégration.

    Les détecteurs de Dorn sont disposés sur deux plans différents. © Daniel Chrétien, Futura
    Les détecteurs de Dorn sont disposés sur deux plans différents. © Daniel Chrétien, Futura

    Pour la première fois, une partie de l'équipe assistera pendant un mois aux opérations de Chang'e 6, notamment les 2 et 3 juin, sur la Lune.