SpaceX s’est fait connaître par son projet ambitieux de desservir la Station spatiale internationale. Mais c’est peut-être sur le marché des lancements de satellites ouverts à la concurrence que la firme californienne, fondée par Eon Musk, pourrait gagner ses lettres de noblesses. Proposer des prix bas n'est cependant pas un gage de réussite.

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    L'idée de faire jeu égal avec ArianespaceArianespace et les autres opérateurs de lancement fait son chemin. En pratiquant une politique agressive sur les prix, SpaceX compte s'imposer sur un marché que domine Arianespace. Si l'on se fie à son carnet de commande, force est de constater que de nombreux opérateurs de satellites lui font confiance. Iridium a choisi SpaceXSpaceX pour lancer la plupart des 66 satellites de sa future constellation et Astrium vient de signer avec cette entreprise un accord pour la commercialisation du Falcon-1e sur le marché institutionnel européen.

    Ce succès se justifie en grande partie par son tarif low cost. A 12.000 dollars le kilogramme en orbite de transfert géostationnaire (GTO) contre les 20.000 dollars typiquement proposés par ses concurrents, l'offre de SpaceX est très agressive. D'autre part, la période lui est favorable. Les opérateurs de satellites sont dans un cycle de renouvellement de leur flotte de satellites qui arrivent en fin de vie ou tendent à devenir obsolètes.

    Reste que certains doutent de la viabilité à long terme de ce modèle économique. Son directeur, Gwynne Shotwell, a tenu à clarifier la stratégie de SpaceX en confirmant, lors du Sommet mondial pour le financement de satellites (Paris, septembre 2010), que les prix annoncés ont « vocation à rester durablement inférieurs à ceux de la concurrence et qu'ils pourraient encore baisser dans l'avenir. Seul le retour de l'inflation pourrait compromettre nos plans » et de conclure : « nous ne comprenons pas pourquoi les prix de nos concurrents sont aussi élevés ». Un pavé jeté dans la mare d'Arianespace et d'International Launch service, les deux opérateurs de lancement qui dominent le marché avec Ariane 5Ariane 5 et Proton.

    Du côté d'Arianespace, on rappelle que le facteur prix n'est pas l'élément déterminant et que la performance d’un lanceur ne se juge pas seulement dans sa capacité à s'extraire de la gravitégravité terrestre. Plusieurs paramètres techniques la déterminent, au premier rang desquels figure la précision de l'injection sur l'orbite visée qui dépend de l'inclinaison, du périgéepérigée et de l'apogéeapogée, voire la vitesse de rotationvitesse de rotation ou l'attitude du satellite. Les conséquences d'une sous-performance du lanceurlanceur sont une injection du satellite sur une orbite plus basse que prévu ou avec des paramètres incompatibles avec la mission. Pour rejoindre son orbite, le satellite devra utiliser le carburant normalement destiné à son maintien en poste. Avec comme conséquence une diminution de la duréedurée de vie du satellite et donc de son chiffre d'affaires. Tout cela a un coût et à ce jeu, Ariane 5 est la plus forte. Seules plusieurs missions réussies du Falcon-9 détermineront si ce lanceur peut se révéler économiquement viable, fiable, fonctionnel et s'imposer sur le marché des lancements.

    L’horizon s’assombrit-il ?

    Le retour sur le marché de Sea Launch, placée sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, pourrait contrarier les plans de SpaceX qui veut s'accaparer une partie du marché, détenu à plus de 50% par Arianespace. La Chine pourrait également lui faire de l'ombre, même si sa politique commerciale est entravée par la réglementation américaine ITAR (International Traffic in Arms Regulation) qui restreint l'exportation et la vente de matériels et de composants sensibles (comprendre défense et hautes technologies) construits aux Etats-Unis vers une liste de pays proscrits, où figure la Chine.