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L'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne a été mise en cause dans sa gestion du satellite environnemental Envisat, déclaré perdu en mai 2012 à la suite d'une perte de contrôle survenue début avril. L'Institut international de droit spatial (IISL) soutient que l'Esa aurait pu faire davantage pour empêcher le satellite de passer les cent prochaines années en tant que débris spatial majeur de son orbite. L'Institut la tiendra responsable si Envisat ou un de ses éléments devait entrer en collision avec un autre satellite.
Ces reproches concernent la règle dite « des 25 ans ». Depuis 2002, en effet, l'IADC, (Inter Agency Space Debris Coordination Committee) recommande de prévoir, pour tout satellite en orbite basse, un retour dans l'atmosphèreatmosphère en moins de 25 années, contre quelques siècles avant cette décision.
Bien qu'il soit devenu un débris spatial encombrant, Envisat, pour les prochaines années, ne menace aucun satellite. Par ailleurs, il se trouve sur une orbite (768 km) peu fréquentée. © DR
Or, lorsqu'Envisat tombe en panne en avril 2012, il se trouve à une altitude de 768 km depuis 2010 quand l'Esa l'avait positionné sur cette orbite moins fréquentée. Pour qu'il retombe naturellement dans l'atmosphère terrestre en 25 ans, il devrait se trouver à environ 600 km.
L'IISL reproche donc à l'Esa d'avoir trop tardé à abaisser son orbite alors que le satellite avait dépassé sa durée de vie initiale depuis bien longtemps. Lancé en 2002, il devait en effet fonctionner seulement cinq années !
Envisat aurait-il pu ne pas être un débris spatial ?
Mais ce satellite a été conçu dans les années 1980, à une époque où la question des débris spatiaux n'était pas considérée comme un problème grave. De fait, le satellite n'a pas été prévu pour être désorbité. Son réservoir a été dimensionné uniquement pour les opérations courantes d'évitement de débris et de rehausse d'orbite. Autrement dit, même si les contrôleurs au sol avaient abaissé l'orbite du satellite dès sa mise à poste, les réserves en carburant n'auraient pas été suffisantes pour atteindre ces 600 km.
Ce n'est qu'en 2007 que les Nations unies établissent des directives qui, pour résumer, stipulent que les opérateurs de satellites en orbite basse cessent les opérations suffisamment tôt pour maintenir assez de carburant et réduire les orbites de sorte que la traînée atmosphérique tire les satellites en rentrée destructive dans les 25 ans. L'Esa les a adoptées dès l'année suivante pour tous ses projets concernés.
Enfin, s'il n'était pas tombé en panne, Envisat aurait pu continuer d'être utilisé depuis sa dernière orbite (768 km) avec suffisamment de carburant pour effectuer des manœuvres d'évitement de collisions pendant plusieurs années.