« Nous allons directement sur Mars. La Lune n’est qu’une distraction », commente le milliardaire à propos du programme lunaire américain. Une fois de plus, le fondateur de SpaceX réaffirme ses préférences entre notre satellite et la Planète rouge. Cette fois-ci, cependant, cela pourrait influencer directement le programme spatial américain.
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Avec Donald Trump à nouveau président des États-Unis, Elon Musk va rejoindre son gouvernement. Le fondateur de SpaceX ne sera pas directement en charge du programme spatial, ce qui est le rôle du vice-président, mais ses préférences peuvent influer sur les directions à prendre.
Au cœur du programme spatial américain
Peut-on annuler le programme Artemis ? Impossible, car ce serait incohérent. Lancé par Donald Trump, le programme est essentiel pour l'industrie spatiale américaine qui fournit lanceurs, cargos de ravitaillement, vaisseau, modules de stations, rover pour astronautes, etc. C'est aussi impossible car le programme mobilise des partenaires internationaux de premier plan comme l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), mais aussi le Canada, le Japon, et même les Émirats arabes unis.
Sacralisé, Artemis implique trop de monde pour être balayé dans le but d'aller directement sur Mars. C'est l'œuvre de l'ancien administrateur Jim Bridenstine, nommé par Trump en 2016. Celui-ci a sécurisé les partenariats internationaux, puis lancé les Accords Artemis qui réunissent plus d'une cinquantaine de pays dans le monde autour de la vision américaine de la Lune. Enfin, Bridenstine a motivé toute l'industrie spatiale à développer une économie lunaire en mettant en place le programme CLPS de petites missions commerciales sur la Lune achetées par la Nasa.
L'argument de la course lunaire contre la Chine reste crucial. La Chine prévoit de se poser sur la Lune avant le retour des États-Unis, d'ici 2030. Ce serait considéré comme une humiliation pour les Américains si on oubliait qu'ils ont marché plusieurs fois sur la Lune il y a plus de cinquante ans.
Viser Mars
La seule course qui compte, c'est Mars. La Chine compte s'y poser avant 2049, année du centenaire. Musk vise 2028-2029 pour une première mission habitée sur Mars avec le Starship, une date limite complètement absurde, mais qui montre combien SpaceXSpaceX se concentre sur la Planète rouge. N'oublions tout de même pas que SpaceX est partenaire de la Nasa pour Artemis et que c'est à bord du Starship que les Américains doivent revenir se poser sur la Lune.
Faute de pouvoir contourner la Lune, Musk entend accélérer les étapes et optimiser les finances du programme lunaire. En tant que futur coresponsable de la simplification des finances fédérales américaines, nommé par Trump pour réaliser 60 milliards de dollars d'économie, il estime que le programme Artemis est conçu pour créer prioritairement le plus d'emplois possible, au détriment des résultats.
Le Space Launch System, méga-fuséefusée lunaire développée par Boeing pour les missions Artemis, illustre les moyens faramineux dépensés par la Nasa, avec un vol coûtant environ 4 milliards de dollars, un prix jugé exorbitant par Elon MuskElon Musk, et par beaucoup d'autres à vrai dire... Son design obsolète pourrait être remplacé par un Starship bien moins cher. Mais le Starship n'est pas opérationnel, contrairement au SLS qui a déjà volé en 2022. Pourrait-on donc voir un remplacement progressif ?
Save Artemis
Les missions Artemis ne sont qu'une étape dans le programme Moon-to-Mars bien défini par la Nasa et sa directrice adjointe, l'astronaute Pam Melroy. Pour l'agence américaine, la Lune est un terrain de jeu permettant de tester diverses technologies avant de prendre le risque de les envoyer sur Mars, ainsi que de développer l'économie lunaire nécessaire à l'avancement de ces technologies. Mais Elon Musk partage-t-il la même interprétation du risque que l'agence spatiale américaine ?
Le milliardaire était encore en Afrique du Sud lors de l'explosion de la Navette spatiale ChallengerChallenger tuant sept astronautes en 1986, et il venait juste de fonder SpaceX quand la navette ColumbiaColumbia explose à son tour en 2003, tuant sept autres astronautes. Le milliardaire n'a pas vécu de la même manière la perte de ces héros de la Nasa qui a traumatisé tout le pays. Plus récemment, SpaceX avait passé sous silence un souci technique survenant juste avant la sortie en scaphandre de la mission Polaris Dawn.
Un commentaire de trop
La maturation des technologies est essentielle pour assurer la sécurité et la survie des astronautes sur Mars. Ainsi, quel fou prendrait le risque de se rendre sur Mars dans quatre ans alors que certaines solutions n'existent pas encore ? Demanderait-on à un pilote de chasse de partir en mission sur un aéronefaéronef qui n'a pas été suffisamment testé ? Rappelons que quand Musk a dévoilé sa vision martienne, de nombreux Américains se sont portés volontaires pour une mission-suicide.
Fort heureusement, qualifier la Lune de « distraction », comme l'a exprimé Elon Musk, ne reflète pas l'avis de Jared Isaacman. Le futur administrateur de la Nasa, nommé par Trump, soutient que la Lune reste toujours d'actualité. Finalement, ce commentaire de Musk est plus inutile qu'autre chose. Un embarras de plus pour Trump qui devra en répondre...