La Corée du Nord a placé un satellite espion en orbite basse le 21 novembre dernier. Samedi dernier, le régime a annoncé détruire des satellites américains en cas d’attaque de leur part. Cette menace est une réponse à celle d’un responsable américain. Pendant ce temps, la Corée du Sud a déployé deux satellites espions. La guerre de Corée s’étendra-t-elle dans l’espace ?
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Le 21 novembre 2023, la petite fuséefusée Chollima-1 réussit à placer le satellite espion Malligyong-1 (03) en orbite basse. Ce succès fait suite à deux échecs de déploiement en mai et août derniers. Trois vols en un an ! Jamais la Corée du Nord n'a autant réalisé de vols orbitaux.
La Corée du Sud soupçonne la Russie d'avoir apporté son aide en analysant les données des deux vols précédents. En effet, quelques semaines avant le tir se tenait le sommet organisé entre le président Vladimir Poutine et le leader Kim Jong-un qui s'est en partie déroulé au cosmodrome russe de Vostochny, en Extrême-Orient. Depuis, la tension monte et le conflit semble s'étendre au-delà de notre atmosphèreatmosphère.
Menaces de guerre spatiale entre Corée du Nord et États-Unis
La Corée du Nord a menacé les États-Unis de détruire plusieurs satellites si jamais ils attaquent le précieux satellite espion. Le régime précise dans un communiqué de son agence de presse officielle KCNA qu'une attaque contre Malligyong-1 serait considérée comme « une déclaration de guerre ». Ce serait une première dans l'histoire de la conquête spatiale bien que nous connaissions toujours plus d'incidents. Le régime a signifié qu'il répondra en usant de « sa dissuasion de guerre », en l'occurrence l'arme nucléaire.
La menace de la Corée du Nord est une réponse à une déclaration d'un responsable américain qui a précisé que les États-Unis disposent de plusieurs moyens de « priver un adversaire de ses capacités spatiales et les contrer ». Comme moyens connus contre un satellite espion en orbite basse, il existe l'illumination laser, le brouillage radio, la cyberattaquecyberattaque, mais aussi l'envoi d'un satellite d'interception, ou d'un missile antisatellite (Asat).
Vidéo analysant les effets d'un tir test antisatellite indien. Cette solution pour détruire un satellite est aussi maîtrisée par les États-Unis, la Chine et la Russie. C'est très efficace, mais le tir antisatellite est un enfer de sécurité spatiale pour les autres satellites ou les stations spatiales, car cela génère énormément de débris spatiaux. © Analytical Graphics Inc.
Il est difficile de dire si la Corée du Nord dispose aussi de tous ces moyens. Les efforts du régime dans les travaux de missiles balistiquesmissiles balistiques laissent supposer qu'ils pourraient tenter de déployer un missile Asat, mais la Corée du Nord n'a pas réalisé de test montrant sa maîtrise, comme l’a fait la Russie peu avant le début de la guerre en Ukraine.
Tensions spatiales entre le nord et le sud
Le régime nord-coréen avait annoncé peu après la mise en orbite de Malligyong-1 qu'ils disposaient désormais d'images à haute résolutionrésolution de sites militaires américains et sud-coréens. Aucune image n'a été communiquée.
La Corée du Sud n'est pas restée sans réagir. Elle a mis en orbite deux satellites de reconnaissance. Le premier, portant le nom de « Projet 425 EO/IR Sat 1 » est un satellite d'observation optique et en infrarouge. Il a été mis en orbite par une fusée Falcon 9 de SpaceX le 1er décembre. Le second satellite espion se nommerait « S-STEPSTEP 1 » et fournirait une observation radar, permettant notamment de voir les mouvements de troupes la nuit ou à travers des nuagesnuages. STEP-1 a été mis en orbite par un lanceurlanceur sud-coréen militaire qui n'avait encore jamais vu le jour.
Quatre autres satellites d'observation radar sud-coréens doivent être mis en orbite un peu plus tard. La constructionconstruction de cette constellationconstellation se fait avec l'apport notable de Thales Alenia Space, qui fournira des radars à synthèse d’ouverture (SAR).