Recalés lors du premier round de CCdev, ATK et Astrium relancent leur projet de lanceur Liberty en y ajoutant une capsule habitée. Pour la Nasa, c’est un point fort et un nouvel argument pour s'intéresser un peu plus à cet astucieux concept qui réutilise des technologies existantes, dont le premier étage d'Ariane 5.
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L'entreprise américaine ATK (Alliant Techsystems Inc.) souhaite toujours obtenir un financement de la Nasa pour développer son projet de système de transport spatial, en partenariat avec les Européens Astrium et SafranSafran. Mais le trio avait été recalé lors de la sélection des sociétés par la Nasa dans le cadre du premier round du partenariat public-privé CCDev (l'équivalent de Cots qui, lui, concerne le fret).
À l'époque, ce lanceur avait été proposé, sans succès donc, pour lancer la capsule OrionOrion. Aujourd'hui, ATK change de stratégie et présente à la Nasa un système de transport spatial complet avec toujours le lanceur Liberty et, grande nouveauté, une capsule constituée d'un module de propulsion et d'un autre destiné à accueillir un équipage. Ce vaisseau, qui serait construit par ATK, entre ainsi en compétition frontale avec Blue Origin, Sierra Nevada, SpaceX et Boeing, les autres sociétés retenues dans CCDev.
Une deuxième chance pour le lanceur Liberty
Le lanceur Liberty utilise des technologies existantes astucieusement assemblées. Le premier étage sera dérivé des boosters à poudre réutilisables de la navette spatiale américaine à quatre segments. Il s'en différencie par l'ajout d'un segment supplémentaire, soit cinq au total. Le second étage sera ni plus ni moins que le premier étage de l'Ariane 5Ariane 5 d'Astrium constitué de l'étage principal cryogénique (EPCEPC) d'Ariane 5 avec son moteur Vulcain-2. Des modifications sont bien évidemment prévues pour renforcer la structure de l'étage en raison des contraintes qu'exercera le premier étage.
Si le projet d’ATK et d’Astrium aboutit, on pourra se réjouir que des technologies européennes participent au futur de l'exploration spatiale habitée. © ATK
Quant à la qualification pour le vol humain, elle ne sera pas trop difficile à obtenir. Le premier étage d'ATK a d'ores et déjà réalisé un vol d'essai en octobre 2009 (Ares 1-X) qui avait pour objectif de tester son comportement car sa finesse a toujours suscité certaines interrogations, aujourd'hui largement balayées. Pour l'EPC, si Ariane 5 démontre lancement après lancement sa fiabilité en vol, son utilisation pour transporter des humains n'est pas incongrue puisque cet étage a été initialement conçu pour lancer l'avion spatialavion spatial Hermes. De nombreux systèmes et sous-systèmes sont nativement qualifiés pour le vol habité.
Si la Nasa retient ce système de transport spatial, ATK promet un premier vol d'essai en 2014 suivi d'une mission habitée fin 2015 et d'une mise en service à l'horizon 2016 auprès de la Nasa mais aussi d'autres clients. En utilisant des technologies disponibles sur étagères et une capsule de plus petite taille que ses principaux concurrents, ATK parie sur un prix passager inférieur à celui de Soyouz (environ 56 millions de dollars).
Du côté d'Astrium on est bien sûr ravi de la tournure que prend ce projet. Si en début d'année, François Auque, son président, déclarait que « le concept continuait de vivre », Alain Charmeau, directeur d'Astrium Space Transportation, s'est montré bien plus enjoué en déclarant hier que Liberty était « pour nous une porteporte d'entrée sur ce secteur très stratégique pour les États-Unis » et d'ajouter que si la carrière de Liberty devait décoller, il s'engagerait à « construire à l'avenir le deuxième étage de ce lanceur sur le sol américain ». ATK projette également de l'utiliser à des fins commerciales. Mais il serait très étonnant que la Nasa choisisse un système de transport spatial qui dépende autant de technologies étrangères... À suivre donc.