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Depuis le début de la crise ukrainienne, les relations entre la Nasa et son homologue russe, Roscosmos, étaient restées bonnes malgré la partie spatiale des sanctions états-uniennes à l'encontre de la Russie. La situation devrait évoluer, et pas dans le bon sens. Jusqu'à ces derniers jours, Vladimir Poutine avait toujours minimisé l'impact des sanctions économiques adoptées par les États-Unis et l'Union européenne pour faire pression sur Moscou. Or, sur le plan économique, elles commencent à produire des effets. Le rouble, la monnaie locale, s'est effondré et plusieurs dizaines de milliards de roubles de capitaux ont fui le pays depuis le mois de mars. Dans ce contexte, la Russie a décidé de répliquer à ces sanctions. Le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine, chargé des affaires spatiales du pays et visé par les sanctions américaines, vient d'annoncer une série de mesures dont certaines concernent les activités spatiales. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y va pas avec le dosdos de la cuillère.
Rogozine vient d'annoncer que la Russie se désengagera de la Station spatiale internationale dès 2020, comme cela était initialement prévu, et non en 2024 comme le souhaitaient les États-Unis. Il a également interdit aux États-Unis d'utiliser les moteurs russes RD-180, qui équipent le premier étage des lanceurs Atlas V pour placer en orbite des satellites militaires. Pour rappel, ce moteur est dérivé du moteur à quatre chambres RD-170 développé pour les lanceurs Energia et Zenith. Enfin, la Russie suspend également l'implantation de stations au sol du GPS états-unien sur son territoire. C'est moins en réponse aux sanctions américaines et européennes qu'à la mauvaise volonté mise par les autorités des États-Unis pour autoriser l'installation sur leur territoire de stations au sol pour l'équivalent russe du GPSGPS, Glonass.
Ces sanctions sont à relativiser. Elles sonnent comme un avertissement, car elles ne sont pas irréversibles. En effet, l'interdiction d'utilisation du moteur RD-180 concerne seulement les missions nécessaires aux besoins des activités militaires du Pentagone. Les missions civiles, scientifiques et commerciales ne sont pas concernées par cette interdiction. Quant à la décision concernant l'avenir de l’ISS, il faut savoir que la Russie respectera ses engagements jusqu'en 2020, et surtout que l'extension proposée par les Américains est en cours de négociation entre les différents partenaires et qu'une décision à ce sujet sera prise en 2016 ou 2017. Comme le souligne à juste titre le porteporte-parole de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, c'est une péripétie de plus pour ce programme hors norme qui a survécu à de nombreux obstacles techniques et crises politiques depuis le lancement du premier module en 1998.