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Bactéries (mal visibles sur la photo) s’apprêtant à embarquer dans le module Harmony, qui sera transporté en octobre 2007 par la mission STS-120 vers la station spatiale internationale. © NASA/Kim Shifflet
Dépoussiérage, assèchement, stérilisations, vêtements spéciaux pour le personnel... : les précautions prises dans les salles « propres » où l'on assemble les engins spatiaux sont censées éliminer la majeure partie des microbesmicrobes en tout genre qui nous environnent habituellement.
Mais manifestement, il en faut plus pour se débarrasser de la forme de vie la plus coriace de la planète. Pour les bactériesbactéries, ces milieux propres sont seulement des environnements extrêmes, caractérisés par une humidité très faible et une nourriture rare. Et les bactéries en ont vu d'autres, elles qui colonisent des milieux bien plus hostiles, comme les grottes profondes, les sources chaudessources chaudes ou les sous-sols gelés.
Pour vérifier le niveau de stérilisation de ses salles propres, la Nasa a lancé sur l'affaire une équipe de fins limiers armée d'une technique de détection très efficace, l'analyse de l'ARNARN ribosomal, jamais utilisée jusqu'à présent dans de tels locaux. Ces pisteurs ont traqué les bactéries dans trois lieux d'assemblage d'engins spatiaux, le Jet Propulsion Laboratory, le centre spatial Kennedy et le centre spatial Johnson. Dans chacun d'eux, douze prélèvements ont été effectués, neuf sur des surfaces de travail et trois dans l'air ambiant. Leurs résultats viennent d'être publiés dans la revue FEMSFEMS Microbiology Ecology.
« Houston, we have a problem… »
Alors que les scientifiques s'attendaient à trouver une population raréfiée, ils ont au contraire mis au jour une superbe diversité bactérienne, avec de nombreuses espècesespèces et des populations en pleine forme. Les staphylocoques et les sphingomonas, espèces communes, peuplent les trois endroits étudiés mais le reste des espèces bactériennes diffère d'un lieu à l'autre. La plus grande diversité a été détectée sur les surfaces de travail du centre spatial Johnson (alias « Houston »), au Texas, qui gère les vols habitésvols habités de la Nasa, donc les navettes et la Station spatiale internationale.
Ce résultat devrait être une source d'inquiétude ou au moins de réflexion partout où l'on met en place des salles propres, dans les hôpitaux bien sûr mais aussi dans l'industrie des semi-conducteurs et dans le spatial lui-même. Des bactéries se trouvent probablement embarquées en nombre plus important que prévu dans les vaisseaux spatiaux. Est-ce le cas pour Phoenix, qui a quitté la Terre le 4 août dernier pour, entre autres, chercher dans le sol d'éventuelles moléculesmolécules organiques ?