Il était le sixième français à avoir réalisé un vol spatial. L’astronaute français Jean-Jacques Favier est décédé le 19 mars 2023 à 73 ans. Ses funérailles ont eu lieu ce vendredi dans la Drôme. Retour sur une carrière scientifique très remplie.


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    Né à Kehl, à la frontière allemande, en 1949, Jean-Jacques Favier fête ses douze ans le lendemain du vol historique de Youri GagarineYouri Gagarine. À cette occasion, ses parents lui offrent Le tour du monde en 80 jours, le roman de Jules VernesJules Vernes avec en dédicace : « Tu feras partie de la génération qui le fera en 80 minutes ». Pari réussi : le 20 juin 1996, Jean-Jacques Favier fait son premier et unique vol à bord de la Navette spatiale américaine ColumbiaColumbia, où il fait le tour de la Terre en 88 minutes.

    Jean-Jacques Favier et l'équipage STS-78 ont été les premierS astronautes à emporter la flamme olympique (éteinte par sécurité) dans l'espace, en marge des Jeux Olympiques d'Atlanta. © Nasa
    Jean-Jacques Favier et l'équipage STS-78 ont été les premierS astronautes à emporter la flamme olympique (éteinte par sécurité) dans l'espace, en marge des Jeux Olympiques d'Atlanta. © Nasa

    Payloads specialist

    Au cours de la mission STS-78, où il vole avec cinq astronautes américains et un canadien, Jean-Jacques Favier avait le poste de spécialiste de mission, le poste qui lui correspond le mieux. En effet, Jean-Jacques Favier faisait partie des rares astronautes qui ne venaient pas du monde des pilotes. Du haut de ses 193 cm, il était trop grand pour le vaisseau SoyouzSoyouz ! Avant tout, Jean-Jacques Favier est un scientifique. Il se spécialise dans les métauxmétaux avec son doctorat en physique et métallurgie, qu'il obtient en 1977 à Grenoble.

    Jean-Jacques Favier pendant le vol STS-78. © Nasa
    Jean-Jacques Favier pendant le vol STS-78. © Nasa

    Ingénieur-chercheur au CEA, Jean-Jacques Favier est sélectionné par le Cnes comme astronaute expérimentateur. Il attendra 1992 pour être retenu comme membre de réserve de la mission STS-65. Il vole finalement en 1996 pour la mission STS-78. Il passe 21 jours en orbite, où il encadre des expériences dans le module européen Spacelab. Il est d'ailleurs responsable de l'expérience française Mephisto, four spatial qui a fait plusieurs vols en Navette.

    Jusqu'à récemment, Jean-Jacques Favier était encore actif. Il collaborait notamment avec le projet Spaceship FR du Cnes et de l'Institut Clément Ader à Toulouse, dont le but est de développer des moyens de recherche et des technologies pour préparer des futures bases lunaires ou martiennes.

    Le modèle de vol du four spatial Mephisto, dont Jean-Jacques Favier était responsable, exposé au Musée de l'Air et de l'Espace. © Nasa, Cnes
    Le modèle de vol du four spatial Mephisto, dont Jean-Jacques Favier était responsable, exposé au Musée de l'Air et de l'Espace. © Nasa, Cnes

    Au plus près des jeunes

    Jean-Jacques Favier a beaucoup enseigné au cours de sa carrière, à l'ISAE Supaero, à l'International Space University, mais aussi à l'École des Mines d'Albi. L'astronaute venait souvent au contact des jeunes, notamment à la Cité de l'Espace à Toulouse. Il a fait des centaines d'interventions en classe. « J'ai pu voler grâce à l'argent public. Cela me paraît un juste retour de contribuer à susciter des vocations dans le domaine scientifique et technique », soulignait-il. Dernièrement, Jean-Jacques Favier avait parrainé l'expérience étudiante toulousaine TETR’ISS, sélectionnée parmi les expériences françaises manipulées par Thomas PesquetThomas Pesquet lors de son dernier vol en orbite.

    Jean-Jacques Favier à la Cité de l'Espace, lors d'une journée organisée par l'association Les Amis de la Cité de l'Espace, où l'astronaute a échangé avec des jeunes. © AACE, Gil Denis
    Jean-Jacques Favier à la Cité de l'Espace, lors d'une journée organisée par l'association Les Amis de la Cité de l'Espace, où l'astronaute a échangé avec des jeunes. © AACE, Gil Denis

    « La disparition de l'astronaute Jean-Jacques Favier laisse un grand vide dans le monde spatial : le Cnes perd l'un des siens. Premier scientifique français à être allé dans l'espace, je sais qu'il marquera de son empreinte les futures générations et inspirera nombre d'entre nous », souligne Philippe Baptiste, président-directeur général du Cnes, dans un communiqué.