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Après une année 2009 record, ArianespaceArianespace termine l'année 2010 avec un impressionnant carnet de commandes. En prévoyant d'effectuer les vols inauguraux de VegaVega et SoyuzSoyuz depuis la Guyane, l'entreprise européenne étoffe sa gamme de lanceurs. Seule ombre au tableau, la nécessité de recourir à un financement institutionnel bien que ses actionnaires aient reconstitué ses fonds propres.
En 2010, les problèmes techniques rencontrés en début d'année ont limité à six le nombre de lancements effectués par Ariane 5Ariane 5 et un lancement de Soyuz depuis BaïkonourBaïkonour. Malgré cela, Arianespace a lancé 12 des 20 satellites commerciaux de télécommunications mis à poste en 2010. Sur le front des affaires, la firme européenne a raflé 12 contrats contre sept pour son principal concurrent, le Proton russe exploité par International Launch Services. De plus, la société a signé sept nouveaux contrats pour le lancement avec Soyuz de 12 satellites sur des orbites spécifiques.
En 2011 sont prévus six lancements d'Ariane 5 dont celui de l''ATV-2 Johannes Kepler qui sera le premier de l'année (15 février), trois tirs de Soyuz depuis Baïkonour et, point d'orgue de l'année, les vols inauguraux de Vega et du lanceur russe Soyuz tiré depuis son nouveau pas de tir de Kourou. Ces deux tirs pourraient être effectués dans l'été pour Soyuz et en septembre pour le petit lanceurpetit lanceur Vega. À l'horizon 2012, Arianespace devrait avoir une gamme de lanceurs opérationnelle qui couvrira tous les créneaux du marché de lancement des satellites ouverts à la concurrence.
Une indépendance qui a un coût
Malgré un carnet de commandes record de 4,3 milliards d'euros, représentant plusieurs années de travail, l'équilibre financier de la société n'est pas assuré de sorte que les États membres de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne devront de nouveau mettre la main à la poche. Une situation paradoxale qui n'a rien de surprenant pour les initiés.
En effet, lancer des satellites représente un coût trop élevé pour un tarif commercial, des subventions sont donc nécessaires, même pour Arianespace. Un certain nombre de frais fixes du système de transport spatial, à savoir le lanceur et les infrastructures au sol, doivent être pris en compte. Aujourd'hui, force est de constater que dans le monde, aucun développement de lanceur n'a jusqu'à présent été amorti par les ventes de lancements. Ni les Américains, qui ne proposent pas leur lanceur lourd sur le marché en raison de coûts prohibitifs, ni les Russes et ni les Chinois ne sont parvenus à financer leurs lanceurs par les seuls gains réalisés par la vente de service de lancement commerciaux. Quant aux initiatives privées, comme celle de SpaceXSpaceX, elles sont encore loin d'avoir démontré leur capacité à autofinancer leurs futurs développements, après avoir profité de subventions dans les développements actuels.
Concrètement, Arianespace a bénéficié ces dernières années du Programme européen d’accès garanti à l’espace (EGAS), initié en 2004 pour soutenir le lanceur Ariane 5 et qui finissait fin 2010. Arianespace, qui touchait environ 250 millions d'euros par an dans le cadre de ce soutien, aimerait continuer à percevoir « la moitié de cette somme » soit près de 125 millions, a précisé son PDG Jean-Yves Le Gall. La décision sera prise lors du prochain Conseil de l'Esa, prévu en mars.
Comme le soulignait récemment le président français, la garantie d'un accès autonome à l'espace pour l'Europe et la France « n'est pas négociable » et nécessite un lanceur ou une gamme de lanceurs disponibles dès que les besoins s'en font sentir. Cette disponibilité a un coût et c'est grâce aux financements publics qu'Arianespace parvient à l'honorer. Les récents satellites institutionnels de l'Europe ont tous été lancés dans les délais et la campagne de lancement de l'ATV-2 a commencé dès la disponibilité du Véhicule de transfert automatique.