La sonde européenne ROSETTA a été correctement placée sur orbite ce mardi 2 mars par une fusée Ariane 5G+ depuis le centre spatial de Kourou.

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Le lanceur a décollé à 08:17 (heure de Paris) de son pas de tir. Le vol s'est soldé par un succès.

Le lancement de cette sonde avait été repoussé à deux reprises : d'abord, le 26 février, à cause de vents trop violents ; ensuite, le 27 février, à cause de la découverte d'un morceau détaché d'isolant lors de l'inspection finale du réservoir principal de carburant. Le lanceur avait dû alors réintégrer son bâtiment d'assemblage final pour corriger ce problème.

Pour cette mission, Arianespace a utilisé une Ariane 5 G+, une version améliorée de l'Ariane 5 générique. Il s'agit de la première mission de ce type pour le lanceur lourd européen qui doit injecter Rosetta sur une orbite de libération. Cela avait déjà été fait en 1985 par une Ariane 1 (V 14) pour Giotto, la première sonde à survoler le noyau d'une comète.

"L'histoire" de Rosetta

Image du site Futura Sciences
Le 3 juillet 1985, la sonde européenne Giotto s'élançait de Kourou à la poursuite de la comète de Halley (photo ci-contre) pour un périple qui allait devenir légendaire. Elle croisa la comète en 1986 et disposa d'une demi-heure pour effectuer l'essentiel de ses observations. Elle la survola à la distance record de 600 km et en profita pour réaliser les seules images fines et détaillées d'un noyau cométaire. Mise en sommeil à la fin de sa mission, la sonde sera finalement réveillée en février 1990, après une longue période d'hibernation, et dirigée vers la comète Grigg-Skjellerup, qu'elle survolera en juillet 1992 à une distance de 200 km.

Giotto est la première mission planétaire de l'ESA. Son succès aura favorisé le développement des activités scientifiques de l'Agence et suscité un élan de sympathie permettant l'émergence d'une communauté scientifique européenne forte. Sans ces deux survols réussis, la mission Rosetta n'aurait certainement pas vu le jour.

Rosetta

Fort de son succès et devant le peu d'intérêt que la NASA reconnaissait à l'étude des comètes, l'ESA se lance en 1985 un nouveau défi des plus ambitieux et envisage la mission CNSR. Troisième mission dite 'Pierre angulaire' d'Horizon 2000, CNSR (Comet Nucleus Sample Return) était conçue pour prélever des échantillons de comète et les rapporter sur Terre en vue de leur analyse. Cependant, l'annulation de la participation américaine au projet a conduit les responsables scientifiques de l'ESA à repenser la mission. Renonçant à rapporter sur Terre des échantillons, ils souhaitaient la mise en œuvre pendant plusieurs mois d'un laboratoire d'analyse bien équipé navigant à proximité d'une comète. Rosetta venait de naître.

Image du site Futura Sciences

"Rosetta est l'une des missions les plus ambitieuses jamais entreprises", déclare le Professeur David Southwood, Directeur du Programme scientifique de l'ESA, ajoutant : "Cette mission, exceptionnelle tant pour les retombées scientifiques attendues que pour la complexité et l'ampleur des manœuvres interplanétaires nécessaires, est une première." Avant d'atteindre son objectif en 2014, Rosetta utilisera 3 fois l'assistance gravitationnelle de la Terre et une fois celle de Mars, parcourant ainsi de larges boucles dans le système solaire intérieur. Au cours de son périple, la sonde sera soumise à des températures extrêmes. A l'approche de Churyumov-Gerasimenko, elle devra réaliser une délicate manœuvre de freinage. Elle se mettra alors en orbite rapprochée autour de la comète et enverra un atterrisseur se poser en douceur sur le noyau. Cela revient à se poser sur une petite boule lancée à toute allure dans le cosmos, sans que l'on en connaisse la topographie exacte.

Le lander Philae

Philae (ci-dessous) est réalisé dans le cadre d'une coopération internationale. Au vu des images détaillées envoyées par Rosetta, les chercheurs choisiront le site qui conviendra le mieux à l'atterrissage. Largué par Rosetta à une altitude de l'ordre de 1 km, le Lander se posera à environ 5 km/h sur la surface du noyau et s'y fixera. Ses instruments miniaturisés étudieront les matériaux et la texture de la surface, qui pourrait être aussi poreuse et friable qu'une meringue.

crédits : ESA

crédits : ESA

Note Initialement, Rosetta devait rejoindre la comète Wirtanen en 2011 et survoler les astéroïdes Otawara (2006) et Siwa (2008). En raison de l'échec du vol de la première Ariane 5 ECA (décembre 2002) et devant l'incapacité d'Arianespace à garantir des conditions optimales de fiabilité pour le lanceur qui devait être utilisé pour satelliser Rosetta, l'ESA avait été contrainte de reporter le lancement de la sonde et de choisir un nouvel objectif.

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