Mis en orbite il y a six mois, deux satellites d’observation militaires allemands ne sont toujours pas opérationnels et pourraient bien être perdus. Un problème, notamment pour la défense française qui devait bénéficier des données.


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    C'est un coup dur pour la défense allemande, et par extension, pour la défense française. Les deux tout nouveaux satellites radar allemands SARah 2 et 3, actuellement en orbite, semblent inutilisables à la suite d'un défaut technique.

    Construits trop vite

    SARah est une constellation de satellites radar à synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture, de meilleure résolutionrésolution qu'un satellite radar classique, qui permet d'imager la surface terrestre avec précision de jour comme de nuit et en dépit des nuages. SARah 1 avait été mis en orbite en 2022. SARah 2 et 3 ont été placés à leur tour avec succès en orbite basse par SpaceXSpaceX à la veille de Noël 2023.

    Les satellites SARah (vue d'artiste). SARah 1 (au milieu) est opérationnel depuis 2023. SARah 2 et 3 sont supposés inutilisables. © OHB
    Les satellites SARah (vue d'artiste). SARah 1 (au milieu) est opérationnel depuis 2023. SARah 2 et 3 sont supposés inutilisables. © OHB

    Aujourd'hui, le journal allemand Der Spiegel révèle que les deux derniers satellites ne parviennent pas à déployer leur antenne SAR. Par conséquent, ils ne sont pas opérationnels et restent la propriété du constructeur OHB, qui devra les remplacer en payant de ses fonds avant de les livrer à la défense allemande.

    Selon les sources de Der Spiegel, OHB serait allé un peu trop vite en besogne, jugeant bon de ne pas tester au sol le déploiement des antennes.

    Un manque pour la défense franco-allemande

    SARah 2 et 3 semblent perdus. Leur remplacement prendra du temps au cours duquel la défense allemande devra compter sur son ancienne constellation satellite SAR-Lupe, mise en orbite il y a plus de vingt ans.

    C'est un problème important également pour la défense française. La France et l'Allemagne avaient conclu un accord d'échange de données spatiales pour les services de renseignement des deux pays : la France fournissant les données optiques avec les satellites Hélios et CSO, l'Allemagne des données radar avec SARah. Mais l'Allemagne décide en 2017 de se doter de son propre satellite d'imagerie optique, alors que la France reste dépendante des données radar allemandes. Il faudra donc se contenter d'un satellite sur trois pour le moment.

    Le satellite CSO-1, construit par Airbus, successeur d'Helios 2 pour de l'imagerie spatiale à très haute résolution. CSO-2 l'a rejoint en orbite en 2020. CSO-3 sera à bord du second vol Ariane 6. © Cnes
    Le satellite CSO-1, construit par Airbus, successeur d'Helios 2 pour de l'imagerie spatiale à très haute résolution. CSO-2 l'a rejoint en orbite en 2020. CSO-3 sera à bord du second vol Ariane 6. © Cnes

    Côté français, le nouveau satellite de renseignement optique CSO-3 doit être mis en orbite d'ici la fin de l'année par Ariane 6.