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La Méditerranée vue depuis Columbia en janvier 2003, où apparaissent l’Egypte et la côte israélienne. Crédit Nasa
Selon ce document de 400 pages intitulé ColumbiaColumbia Crew Survival Investigation Report (ici en pdf, 16 Mo), les sept astronautes composant l'équipage de la navette n'ont disposé que de 40 secondes entre la perte de contrôle du véhicule spatial et la décompression explosive qui a entraîné leur mort.
Plusieurs carencescarences ont été relevées par les enquêteurs qui, si elles n'auraient pu empêcher l'issue fatale, pourraient coûter la vie à de futurs astronautes si l'on n'y remédie pas dans les prochaines familles d'engins habités.
L’équipage de Columbia Durant le vol STS-107. De gauche à droite, portant un T-shirt rouge : Kalpana Chawla, Rick Husband, Laurel Clark et Ilan Ramon. De gauche à droite, en T-shirt bleu : David Brown, William McCool et Michae Anderson. Crédit Nasa
L'équipe d'investigation, composée d'astronautes, d'ingénieurs et de pilotes de la Nasa, a consacré quatre années à examiner dans le détail, seconde par seconde, la chronologie des évènements lors de la rentrée dans l'atmosphèreatmosphère de Columbia, en ce jour tragique du 1er février 2003. Cinq causes potentiellement mortelles ont été dégagées, et 30 recommandations émises.
Bientôt des parachutes obligatoires
Pour rappel, un fragment de moussemousse isolante s'était détaché des flancs du réservoir ventral de la navette lors de son lancement deux semaines plus tôt, percutant le bord d'attaque de l'aile gauche en arrachant une partie de son revêtement thermique. Aucune sortie dans l'espace n'étant prévue lors de ce vol (il n'y avait d'ailleurs pas de scaphandre autonome à bord) et Columbia ne devant pas rejoindre la Station Spatiale Internationale (elle ne s'y est d'ailleurs jamais amarrée), personne n'a pu se rendre compte de l'existence de ces dégâts, encore moins en évaluer la gravité.
Suite d’images montrant le débris se détachant du réservoir ventral et heurtant la navette. Crédit Nasa
Lors de la rentrée dans l'atmosphère, l'air brûlant s'est engouffré à travers cette brèche et s'est rapidement ouvert un passage vers les organes essentiels de la navette, faisant fondre la structure avant d'en provoquer la désintégration au-dessus du Texas.
Selon le rapport, les astronautes étaient condamnés dès la rentrée et rien n'aurait pu sauver l'équipage. Cependant, plusieurs manquements ont été pointés du doigt par l'équipe d'investigation.
Lors des premières embardées de la navette, le dispositif d'ancrage d'un des sièges n'a pas résisté et celui-ci s'est arraché. Il est donc probable que l'occupant de ce siège ait subi des traumatismes graves avant même l'explosion fatale.
Les combinaisons, les casques, les gants et les ceintures de sécurité ont aussi connu de graves déficiences. Il a été déterminé qu'un membre d'équipage n'était pas correctement attaché sur son siège, que l'un des sept astronautes n'avait pas fixé son casque, et que les six autres avaient négligé de baisser leur visière, rendant la combinaison perméable à l'air ambiant. De plus, trois d'entre eux n'avaient pas fixé leurs gants...
La Nasa a donc décidé de revoir les protocolesprotocoles de formation des futurs équipages afin que ces négligences ne se reproduisent plus. Mais des modifications structurelles sont également recommandées, comme une meilleure fixation des sièges avec la navette, et surtout l'abandon du scaphandre orange, un modèle léger conçu pour être employé exclusivement durant la mise en orbiteorbite et la rentrée atmosphérique mais moins robuste et offrant moins de protection que les modèles conventionnels.
En outre, la Nasa dénonce le système actuel de parachuteparachute qui équipe les astronautes dans l'éventualité d'un abandon à basse altitude, qui n'offre que peu de garantie car celui-ci doit être ouvert manuellement. Un dispositif automatique figure sur la liste des recommandations.