Nous ne nous attendrions pas à trouver de la vie dans des environnements similaires sur d’autres planètes. Alors, pourquoi penser en trouver sur Terre, dans la région aux conditions multi-extrêmes de Dallol, en Éthiopie ? Des chercheurs ont passé la zone au crible. Et ils n’y ont en effet trouvé aucune trace de vie.
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En mai dernier, une équipe de chercheurs annonçaient avoir découvert des organismes nanoscopiques dans la zone volcanique de Dallol (Éthiopie), une région aux conditions multi-extrêmes, peu favorable au développement de la vie. Mais de nouveaux travaux menés par une équipe franco-espagnole viennent aujourd'hui semer le doute sur ces conclusions.
« Après avoir analysé beaucoup plus d'échantillons que lors des travaux précédents -- à l'aide de nombreuses techniques complémentaires --, avec des contrôles adéquats pour ne pas les contaminer et une méthodologie bien calibrée, nous avons vérifié qu'il n'y avait pas de vie microbienne dans ces eaux salées, chaudes et hyperacides ou dans les lacs de saumuresaumure riches en magnésium voisins », assure Purificacion Lopez Garcia, chercheur en biologiechercheur en biologie évolutive au CNRS.
Les chercheurs estiment que la convergence sur le site de deux barrières physico-chimiques empêche le développement de la vie à Dallol : l’abondance de sels de magnésium chaotropes — qui détruisent la structure des biomolécules —, d’une part, et les conditions hypersalines, hyperacides et de températures extrêmes d’autre part. © Deem team Orsay, Twitter
De nouvelles limites à la vie
« Et ceci malgré la grande diversité d'archéesarchées halophileshalophiles -- un type de micro-organisme primitif adorant le sel -- que l'on trouve dans le désertdésert et les canyons environnants et l'intense dispersion microbienne dans cette zone, due d'une part au ventvent et d'autre part aux touristes », poursuit Purificacion Lopez Garcia.
Pour expliquer les précédents résultats discordants, les chercheurs signalent aussi que certains précipités minérauxminéraux de Dallol, riches en silicesilice, ressemblent à s'y méprendre à des cellules microbiennes. Ils appellent ainsi à la prudence lors de l'interprétation à venir de candidats de biosignatures sur d'autres planètes. Et, compte tenu du fait qu'il existe bien des régions sur Terre complètement stériles, malgré la présence d’eau, ils estiment que ce critère devrait être considéré avec retenue lorsqu'il s'agit d'établir l'habitabilité d'une exoplanète.
Des microorganismes découverts dans l’endroit le plus chaud sur Terre
La région de Dallol (Éthiopie) est une région tout à fait inhospitalière. Pourtant, des chercheurs y ont découvert de minuscules organismes vivant dans des conditions qualifiées de multiextrêmes. Un aperçu, peut-être, de ce qui pourrait se jouer sur d'autres planètes.
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 28/05/2019
S'il existe sur Terre des environnements peu accueillants, la zone volcanique de Dallol (Éthiopie) en est un. Elle est notamment considérée comme l'endroit le plus chaud de la Planète. Et on y trouve des sources chaudessources chaudes aux caractéristiques uniques. Ici, la température de l'eau avoisine les 100 °C. Son pH est très acide, proche de 0. Enfin, cette eau est riche en sel et en métauxmétaux tels que le fer ou le cuivre. Des conditions multiextrêmes a priori peu propices à la vie.
Pourtant une équipe internationale de chercheurs annonce aujourd'hui y avoir découvert des organismes de taille nanométrique. Ces petites bactériesbactéries étaient cachées, ensevelies dans des couches de sel déposées sur les cheminéescheminées de Dallol. Les chercheurs ont même d'abord cru à des précipités minéraux.
Revoir nos critères d’habitabilité
Pour l'heure, les chercheurs ont classé ces organismes parmi les Nanohaloarchaea, comme on en a déjà observé dans des eaux hypersalines de par le monde. Mais il pourrait aussi bien s'agir d'organismes appartenant à une classe encore inconnue et non décrite à ce jour.
Cette découverte éclaire en tout cas d'un jour nouveau notre compréhension des limites environnementales de la vie. Elle pourrait permettre de mieux définir les limites d’habitabilité, tant sur Terre qu'ailleurs dans notre Système solaireSystème solaire... ou même au-delà. De quoi mieux sélectionner les sites sur lesquels de futures missions iront chercher une vie extraterrestre.