Des astéroïdes qui « frôlent » la Terre, les médias à sensation s’en font régulièrement l’écho. Mais cette fois, la menace est prise au sérieux par les astronomes. Ils ont repéré un objet qui pourrait entrer en collision avec notre Planète dans moins de 10 ans. Que faut-il craindre ?

L'échelle de Turin. Vous connaissez ? Possiblement pas. Car elle mesure un risque auquel nous préférons en général ne pas trop penser. Celui qu'un impact de notre Terre avec un astéroïde ait des effets destructeurs sur notre Planète. Une valeur de 0 sur l'échelle de Turin signifie que l'astéroïde géocroiseur auquel elle est attribuée n'a qu'une chance tout à fait négligeable d'entrer en collision avec la Terre. Une valeur de 10, en revanche, correspond à un risque certain pour un objet suffisamment grand de provoquer une catastrophe planétaire.

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La première définition de cette échelle a été proposée au milieu des années 1990. Depuis, aucun objet géocroiseur n'a dépassé le niveau 1. Aucun ? Pas tout à fait. Parce que l'astéroïde (99 942) Apophis, découvert en 2004, a, l'espace de quelques mois, atteint le niveau 4. Un niveau qui l'a classé dans la catégorie des objets qui méritent l'attention des astronomes. Des observations supplémentaires ont alors permis de préciser sa trajectoire. Et de ramener (99 942) Apophis à un niveau 1 sur l'échelle de Turin.

Jamais un astéroïde n’avait autant menacé notre Terre

Mais voici qu'un nouvel astéroïde attire l'attention des astronomes. Il a été découvert dans les données d’Atlas - pour Asteroid Terrestrial-Impact Last Alert System - et les chercheurs l'ont baptisé 2024 YR4. Selon les premiers calculs de son orbite, il y aurait un risque pas tout à fait négligeable - un sur 83, tout de même - qu'il entre en collision avec la Terre. Et ce dès décembre 2032 !

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Les astronomes du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la Nasa évoquent une probabilité de 1,2 %. Compte tenu de la taille estimée de 2024 YR4, entre 40 et 100 mètres de diamètre, l'impact, s'il a lieu, pourrait avoir un effet semblable à l'explosion de Tcheliabinsk, en 2013 - si l'objet est essentiellement fait de roches - ou creuser un cratère de plus d'un kilomètre - s'il est riche en fer. Un peu comme Meteor Crater qui a troué l'Arizona (États-Unis) il y a environ 50 000 ans. À cette heure, rien ne peut être avancé avec certitude. Car la taille, la composition et la masse de l'astéroïde sont trop incertaines encore. Ces données ont de quoi faire varier l'ampleur estimée des dégâts potentiels de plus d'un facteur 10. Alors les astronomes préfèrent rester prudents et ne pas trop rapidement positionner 2024 YR4 sur l'échelle de Turin. En l'état des connaissances, il pourrait toutefois atteindre la valeur de 3. S'il devait s'y installer, il deviendrait l'astéroïde le plus menaçant jamais observé.

Un risque qui reste à préciser

Les chercheurs préviennent d'ores et déjà que l'astéroïde est actuellement en train de s'éloigner de notre Terre. Il se trouve à quelque 43 millions de kilomètres de nous. Ainsi, les astronomes pourraient ne pas être en mesure de recueillir à son sujet des données suffisamment précises pour mieux évaluer le risque avant fin 2028. L'astéroïde s'approchera alors à environ 8 millions de kilomètres de nous. Mais en attendant, des instruments restent tout de même braqués sur 2024 YR4 pour collecter un maximum d'informations le concernant.

Certains chercheurs se veulent rassurants et rappellent que la probabilité pour que la trajectoire de l'astéroïde manque finalement notre Terre est importante. Ils soulignent aussi que le corridor de risque passe principalement au-dessus des océans. Même si le nord de l'Amérique du Sud, le centre de l'Afrique et le sud de l'Asie pourraient être concernés. Un impact pourrait alors détruire une ville entière.

D'autres se montrent d'ailleurs moins confiants. Parce qu'ils sont allés chercher dans des archives, pour remonter le temps et retrouver la trace de 2024 YR4 là où il aurait dû se trouver il y a quelques années si la probabilité de collision en 2032 était celle estimée par le JPL. Et jusqu'ici, aucune trace de l'astéroïde. Ce qui fait craindre que le risque d'impact grimpe à quelque chose entre 3 et 6 %. Des images détenues par l'observatoire du mont Palomar pourraient bientôt apporter un précieux éclairage sur ce point.