Prévue pour un lancement aujourd’hui, la sonde Hera, accompagnée de ses CubeSats, a pour objectif d'étudier les conséquences de l'impact subi par l’astéroïde Dimorphos, précédemment percuté par la sonde Dart de la Nasa. En fournissant des données cruciales sur la structure et le comportement avant et après l’impact, les missions Dart et Hera vont permettre de valider des modèles numériques très fiables de déviation d’astéroïdes fonçant droit sur nous. Dans un contexte où le risque de collision avec des astéroïdes connus est quasi inexistant au cours de ce siècle, Hera représente un pas de géant vers la protection de notre Planète.


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    Aujourd'hui, la mission HeraHera de l'ESA, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, est sur le point de décoller vers l'astéroïde binairebinaire Didymos. Le lancement, prévu depuis Cap Canaveral en Floride, doit avoir lieu au plus tôt ce lundi 7 octobre 2024 à 16 h 52 à bord d'un lanceur Falcon 9 de SpaceXSpaceX, avec une fenêtrefenêtre de lancement s'étendant jusqu'au 27 octobre. Hera sera la sonde européenne la plus rapide jamais lancée, voyageant à plus de 6 km/s. Son arrivée à Didymos est prévue en octobre 2026, nécessitant une assistance gravitationnelle de Planète rouge, qui sera survolée en mars 2025.

    Instruments à bord

    Hera emporte 12 instruments et deux CubeSatsCubeSats qui seront déployés lors de son arrivée. Le CubeSat Juventas est équipé d'un radar de basse fréquencefréquence et d'un gravimètre pour mesurer le champ de gravitégravité de la lunelune Dimorphos. Milani, l'autre CubeSat, se concentre sur la composition de l'astéroïde, avec un détecteur de poussière et un laserlaser altimètre pour faciliter la navigation. Il embarque aussi deux caméras. Notons que Juventas tentera d'atterrir sur Dimorphos à la fin de sa mission, un exploit sans précédent étant donné que c'est la première fois qu'une sonde vise à se poser sur un astéroïde de si petite taille. Cette manœuvre sera risquée car la sonde n'a pas été conçue pour se poser sur un des deux astéroïdes. Cet atterrissage est souhaité par les scientifiques qui, grâce aux accéléromètresaccéléromètres à bord du CubeSat, vont voir comment et comprendre il rebondit à la surface de l'astéroïde.

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    Objectifs de la mission

    Cette mission s'inscrit dans un projet de défense planétaire qui a été préparé pendant plus de deux décennies. Son objectif principal est d'évaluer les conséquences post-impact sur Dimorphos - petite lune de Didymos - qui après avoir été percuté en 2022 par la sonde Dart a modifié son orbiteorbite. Cet astéroïde a été le premier objet du Système solaireSystème solaire à voir son orbite modifiée par une intervention humaine. Il a été impacté par la sonde DartDart, d'une massemasse de 580 kilogrammeskilogrammes à une vitessevitesse de 6,1 kilomètres par seconde (24 000 km/h). Cette intervention humaine a ouvert la voie à des études sur l'utilisation de la déviation cinétique comme méthode de défense contre les astéroïdes.

    Les données recueillies permettront aux scientifiques d'examiner les conséquences de l'impact, telles que la formation d'un cratère, le changement de forme de l'astéroïde et l'état de son axe de rotation par exemple. Ces informations contribueront à valider les simulations numériquessimulations numériques d'impact à l'échelle d'un astéroïde, en fournissant des détails précieux sur la structure de Dimorphos avant et après l'impact, ainsi que sur son comportement. Si ces simulations réussissent à reproduire le test de déviation dans sa totalité, elles pourront être utilisées pour d'autres scénarios, c'est-à-dire servir pour une mission de déviation et de défense planétaire.

    Enjeux de la défense planétaire

    La NasaNasa et l'ESA et d'autres agences spatiales cherchent à établir des méthodes de déviation testées et validées, essentielles pour la défense planétaire. Si un objet est détecté fonçant droit sur la Terre, la stratégie de défense pourrait consister en l'envoi d'une mission de reconnaissance pour principalement déterminer la structure et la composition de l'objet menaçant puis, à partir des modèles numériquesmodèles numériques de Dart et Hera, déterminer l'énergieénergie nécessaire pour envoyer une mission de déviation.

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    Bien que le risque de collision avec un astéroïde dévastateur soit actuellement très faible - un astéroïde d'un kilomètre tombant sur Terre tous les 500 000 ans et un objet de 140 mètres tous les 20 000 ans -, il est néanmoins important de s'y préparer. Si tous les astéroïdes de plus d'un kilomètre ont été détectés, environ 60 % des astéroïdes de 140 mètres ne le sont pas. Vu la séquence des impacts, on a donc bien plus de risques d'être exposés à d'autres risques naturels présents sur Terre.

    Cela dit, à long terme, nous savons que ce type de collision se produira, d'où l'importance de dresser un inventaire complet de ces objets et de développer des méthodes pour les dévier. Au moment venu, il serait préférable de ne pas improviser, sachant que nous disposons désormais de moyens pour prédire et de la technologie pour prévenir ce risque d'impact.