Il y a deux ans, les archéologues retrouvaient un squelette particulier dans un village de Pologne. Dans la tombe, plusieurs artefacts interrogeaient alors les chercheurs, qui pensaient avoir découvert un « vampire ». Une reconstitution de l’individu offre de nouveaux éléments sur cette mystérieuse découverte.


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    À travers l'Europe, des tombes parfois étranges, inquiétantes et singulières peuvent apparaître au fil des fouilles archéologiques. Ce fut le cas en 2022, près du village polonais de Pień. Enterrée depuis quatre-cents ans, la dépouille d'une jeune femme suscitait l'interrogation chez les chercheurs. En cause, les étranges objets déposés méthodiquement autour du cadavre. À la base de son cou, une faucille. À ses pieds, deux gros cadenas. Ces étranges artefacts semblent marquer la réalisation d'un rituel visant à prévenir le retour du mort sous la forme... d’un vampire ! Les scientifiques tentaient récemment de reconstituer son visage afin de trouver une explication à de telles précautions funéraires.

    Le visage de la peur ?

    Dans un premier temps, les anthropologues ont déterminé que « Zosia » était morte de causes naturelles, écartant la thèse d'une exécution pour sorcellerie, entre autres. La modélisation du crâne en 3D a permis d'appliquer les traits de son facièsfaciès, étape après étape.

    S'il paraît en premier lieu austère, rien ne laisse penser que le visage de Zosia justifie un rituel funéraire digne d'un vampire. De plus, un oreiller déposé sous la tête de la jeune femme laisse entendre qu'elle devait faire partie de la bourgeoisie locale, la gratifiant ainsi de quelques avantages matériels après son trépas.

    Les anthropologues et les légistes ont travaillé à la reconstruction, muscle par muscle, du visage de Zosia. © Caravan Media Ltd., PBS
    Les anthropologues et les légistes ont travaillé à la reconstruction, muscle par muscle, du visage de Zosia. © Caravan Media Ltd., PBS

    Ce que révèle le squelette de Zosia

    Il a donc fallu étudier l'intégralité du squelette pour essayer de discerner une quelconque altérité expliquant les mesures prises à son égard. Les scientifiques soupçonnent qu'une bosse au niveau du sternumsternum ait conféré à Zosia un profil quelque peu difforme. Cette tumeurtumeur, un hémangiome, serait la raison de plusieurs afflictions.

    Si les problèmes de santé de la jeune polonaise n'étaient pas tous physiques, ils auraient en revanche provoqué des problèmes comportementaux. Un article publié dans All That’s Interesting évoque notamment des évanouissements, des migraines voire des troubles mentaux.

    Le visage de Zosia, quoique un peu inquiétant par son austérité, ne présente aucune anomalie. Mais une tumeur au sternum aurait pu altérer le comportement de la jeune femme. © Caravan Media Ltd., PBS
    Le visage de Zosia, quoique un peu inquiétant par son austérité, ne présente aucune anomalie. Mais une tumeur au sternum aurait pu altérer le comportement de la jeune femme. © Caravan Media Ltd., PBS

    Autant d'éléments, facteurs d'inquiétude pour la population locale. Entreposer la dépouille avec une lame à la base du cou et des cadenas aux pieds avait pour vocation d'empêcher l'esprit de Zosia de venir hanter et perturber le quotidien des mortels. Mais la jeune femme n'est jamais revenue d’entre les morts. Elle illustre cependant les craintes liées aux superstitions, dans une Europe encore sujette aux guerres et aux violentes épidémiesépidémies. Ces révélations sont détaillées plus amplement dans le documentaire Secrets of the Dead, produit par Caravan Media Ltd. et diffusé sur la chaîne américaine PBS.