Dans la nécropole de Saqqarah, au cœur de l’Égypte, la fouille de chambres et la découverte d’artefacts dédiés à une divinité ancienne suscitent l’interrogation des chercheurs. Ces derniers ont ainsi détecté des substances hallucinogènes consommées sous forme de boissons, lors de rituels dédiés au dieu Bès.
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La consommation de substances hallucinogènes n'est pas propre aux groupes de rock des années 1960. À travers le monde, les recherches anthropologiques ont démontré que des peuples anciens utilisaient des aliments leur permettant d'altérer leurs sens et leur perception du réel. Si l'exemple des sociétés précolombiennes est souvent cité, celui des Égyptiens l'est peut-être un peu moins. Pourtant, une étude publiée dans Nature, le 13 novembre, révèle qu'une équipe de chercheurs américains a détecté des signatures chimiques renvoyant à des composants hallucinogènes dans un récipient ptolémaïque de l'Égypte antique. Une découverte qualifiée d'inédite par les universitaires ayant procédé aux analyses.
À l’image d’un dieu aux attributs… atypiques
Dans un premier temps, il était important pour les chercheurs de comprendre l'origine d'une petite jarre égyptienne, une sorte de tasse ornementée d'un facièsfaciès donnée au Musée d'art de Tampa en 1984. Les égyptologues ont identifié le dieu Bès, d'origine nubienne, disposant de caractéristiques félines bien que de petite taille. Considéré comme une divinité joviale, en raison de ses attributs génitaux particulièrement développés, Bès est une sorte de gardien accompagnant les Égyptiens et les protégeant dans leur vie quotidienne. Il acquiert ainsi une certaine popularité dès le XVIe siècle avant J.-C.
New research reveals that #ancient #Egyptians created #hallucinogenic cocktails for #rituals. A study by Davide Tanasi's team from the University of South Florida analyzed a 2,200-year-old cup of the deity Bes in the Tampa Museum of Art. The cup contained unique plant signatures. pic.twitter.com/s8U9hxJrlx
— INSIDE EGYPT (@InsideEgypt) November 19, 2024
Plusieurs céramiquescéramiques à l'effigie de Bès ont été découvertes à travers l'Égypte. Les universitaires ont donc disséqué l'artefact de Tampa sous toutes les coutures, procédant à des modélisations en 3D. Ce type de contenants aurait pu être utilisé lors de rituels et de cérémonies dédiées. Des analyses ADNADN ont permis de déterminer que vingt-trois tasses provenant de différentes collections contenaient des traces de protéinesprotéines propres au bœuf domestique. Elles ont possiblement contenu des aliments issus de l'exploitation bovine, comme du lait, du beurre ou de la graisse.
Guérison médicale et purification magique
Une collaboration étendue avec les universités de MilanMilan et de Trieste ont offert aux scientifiques de plus amples éléments sur l'utilité des tasses de Bès. Des prélèvements ADN plus poussés que les précédents permettaient d'isoler des marques d'alcool, de fluides corporels et de droguesdrogues. Les substances psychoactives provenaient majoritairement de deux plantes : le lotus bleu d'Égypte et la rue sauvage.
L'utilisation de ces deux plantes dans des breuvages aurait eu des effets psychotropespsychotropes, avec la survenue de potentielles hallucinationshallucinations. Pour les historienshistoriens, il ne fait pas de doute que des individus se rendaient dans des chambres dédiées au dieu Bès et pratiquaient des rituels en ingérant les boissons hallucinogènes. Reste maintenant à déterminer l'utilité desdits rituels. Les spécialistes penchent pour une utilisation lors de cérémonies visant à accroître la fertilité. Des questions subsistent, encore nombreuses, mais le voile se lève sur certaines pratiques parfois méconnues des Égyptiens durant l'Antiquité.