En découvrant une tablette en argile vieille de plus de 3 000 ans au cœur de la Turquie, des archéologues dévoilent un nouveau pan mystérieux de l'histoire des Hittites. Ce puissant empire ayant prospéré en Anatolie il y a 12 siècles aurait subi une intense vague d'invasions se soldant par la destruction de plusieurs villes.
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Un petit morceau d'argileargile pas plus grand qu'une paume de main consignait des évènements tragiques s'étant déroulés en Anatolie, il y a plus de 3 000 ans. Les archéologues se sont lancés dans le décryptage d'une tablette rédigée durant l'Empire hittite, civilisation s'étant enracinée à l'est de la Turquie durant l'Antiquité. Dans un article publié le 11 mars, LiveScience rapporte qu'une traduction de ladite tablette par un spécialiste des langues anciennes du Moyen-Orient, Mark Weeden, aurait permis de déterminer que l'empire a fait face à une importante vaguevague d'invasions et de destructions. Un événement qui pourrait concorder avec le déclin de cette puissante société, il y a douze siècles.
Les Hittites s’implantent en Anatolie à partir du IIe millénaire avant J.-C. L'empire s'étend et devient une puissance politique majeure durant l'Antiquité. Mais vers 1230 avant J.-C., l'empire s'effondre, gangrené par des luttes intestines et des guerres contre des puissances étrangères. Au cours des deux derniers siècles, les archéologues ont pu recouvrir une quantité notable d'artefacts relatant les évolutions de la société hittite. La tablette traduite ces dernières semaines provient d'une campagne de fouilles menées en mai 2023 sur le site de Büklükale, à 60 kilomètres de la capitale turque Ankara.
Quatre villes, dont la capitale, sont dévastées
Les premières lignes de la tablette expliquent que quatre villes de l'empire sont « dévastées », dont la capitale royale Hattusa. S'ensuivent 64 phrases rédigées en langue hourrite. Celle-ci était communément utilisée lors de rituels, et les inscriptions de la tablette renvoient à des prières formulées pour garantir la victoire. Pour les archéologues, il est probable que la tablette ait pu être utilisée lors d'un rite impliquant un roi hittite. Les chercheurs évoquent notamment l'existence d'une potentielle résidence royale à Büklükale.
Des royaumes sous la menace du « Peuple de la mer » ?
Pour Kimiyoshi Matsumura, ayant découvert la tablette à Büklükale, elle serait antérieure à la période de trouble dynastique et de conflits ayant scellé le destin de l'empire hittite au IIe millénaire avant J.-C. L'artefact daterait d'une période de dix ans, entre 1380 et 1370 avant J.-C., correspondant au règne de Tudhaliya II. Cette assertion n'est toutefois pas confirmée par la publication d'une étude revue par des pairs.
À cette époque, de nombreux troubles secouaient l'est du bassin méditerranéen. De nombreuses villes côtières étaient sujettes à des attaques menées par des explorateurs venus de Grèce, du sud de la Turquie voire de l'Italie. Ce « Peuple de la mer », tel que décrit dans des chroniques égyptiennes, aurait pillé et détruit certaines villes majeures de l'empire hittite, dont la capitale Hattusa. De nombreuses incertitudes subsistent néanmoins sur les événements qui auraient mené à la destruction de quatre villes au sein de l'un des plus puissants royaumes de l'Antiquité.