Fouiller pour retrouver des artefacts antiques… et finalement déterrer une capsule temporelle du XIXe siècle ! C’est ce qu’il est arrivé à une équipe de volontaires, mobilisée sur un site archéologique de Normandie, menacé par l’érosion, et où d’étonnantes découvertes ont été faites au cours des dernières semaines.


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    En fouillant un site romain antique en Seine-Maritime, les archéologues ont fait une découverte bien plus récente et pour le moins étonnante ! Au nord-est de la ville de Dieppe, se situe le Camp de César, un oppidum gaulois stratégiquement placé sur le littoral. L'équipe de recherche, en grande partie constituée d'étudiants en archéologie, avait pour objectif l'excavation d'artefacts datant de l'Antiquité.

    En trouvant un objet de forme oblongue, les universitaires pensaient être tombés sur un engin de la Seconde Guerre mondiale, potentiellement explosif. Après s'être assurés de la sûreté de l'artefact, c'est pourtant une capsule temporelle scellée deux cents ans auparavant que les archéologues ouvraient.

    Le témoignage de fouilles archéologiques en 1825

    Dans cette capsule, mesurant quelques centimètres de long, se trouvait un message manuscrit, délicatement enroulé dans une fiole de verre : « P.J. Féret natif de Dieppe, membre de plusieurs Sociétés savantes, a fouillé ici en janvier 1825. Il continue ses recherches dans cette vaste enceinte appelée Cité de Limes ou Camp de César ». Pierre-Jacques Féret, né en 1794 et mort en 1873, était un archéologue et historienhistorien s'étant illustré au XIXe siècle en se faisant chroniqueur des découvertes dans cette région bordant la Manche.

    Le message retrouvé dans la capsule temporelle marque le passage sur le site d’un archéologue local ayant vécu au XIX<sup>e</sup> siècle. © Guillaume Blondel
    Le message retrouvé dans la capsule temporelle marque le passage sur le site d’un archéologue local ayant vécu au XIXe siècle. © Guillaume Blondel

    Dans un article publié le 23 septembre, la revue The Connexion rapportait les propos du directeur du service archéologique de la ville d'Eu, Guillaume Blondel. Ce dernier expliquait que la découverte fortuite était « une surprise totale [...] Une communication directe avec les archéologues arrivés précédemment ». Tout comme Pierre-Jacques Féret, 200 ans auparavant, les chercheurs et bénévoles tentaient d'en apprendre sur le passé gaulois du Camp de César.

    Comprendre un site menacé par l’érosion

    La capsule temporelle n'était donc que la partie visible de l'iceberg. La rubrique « Informations Dieppoises » d’actu.fr offre de nombreux détails sur les recherches. Les volontaires creusaient sur un talus pour effectuer des relevés stratigraphiques tout en essayant de recouvrer des artefacts anciens. Les recherches ont été sanctionnées par la Direction des affaires culturelles de Normandie (Drac), face à la menace croissante de l'érosion sur la côte.

    L'objectif est ainsi d'en apprendre plus sur l’oppidum, notamment son organisation, sa structure et son utilité. Le Camp de César était-il destiné aux populations locales, abritait-il des centres de pouvoir ou des campements militaires ? Des céramiquescéramiques datant du Ier siècle avant J.-C. ont été retrouvées par les équipes de M. Blondel et pourraient déjà constituer des indices viables pour les historiens. Les recherches dureront encore plusieurs semaines. Les actuels volontaires ont exprimé leur volonté d'enterrer leur propre capsule temporelle que des futurs archéologues retrouveront sûrement dans plusieurs décennies, voire plusieurs siècles...