On retrouve en ancienne Mésopotamie les vestiges des premiers gouvernements et des États « archaïques ». Si certains sont devenus particulièrement puissants au fil des siècles, d’autres ont parfois échoué à étendre leur influence dans des régions reculées, comme l’ont prouvé de récents chantiers archéologiques dans le nord de l’Irak.
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Le bassin de l'ancienne Mésopotamie est considéré comme un véritable berceau civilisationnel. Les fouilles archéologiques réalisées dans la région depuis le XIXe siècle démontrent que les premières cité-États ont commencé à fleurir entre la Syrie et l'Iran entre 4 000 et 3 000 avant J.-C. Un fait confirmé par les archéologues travaillant sur le site de Shakhi Kora, dans le nord de l’Irak. Des scientifiques de l'université de Glasgow ayant travaillé sur place publiaient le 4 décembre une étude sur les artefacts retrouvés sur place dans le journal Antiquity.
L’expansion de l’une des plus anciennes cités-États du monde
Shakhi Kora se situe à la lisièrelisière des montagnes du Zagros, au nord-est de la capitale irakienne Bagdad. Plusieurs campagnes ont été réalisées en 2019, 2022 et 2023, impliquant une analyse des sols et la mise en place de procédures d'excavation. Le lieu était habité sur une surface d'environ huit hectares au cours du IVe millénaire avant J.-C. Plusieurs artefacts ont été recouvrés en quatre ans, principalement des poteries aux caractéristiques variées.
Les archéologues se sont intéressés à certains bols grossiers, ressemblant à des écuelles. Plusieurs hypothèses émergent alors pour comprendre le fonctionnement des populations locales à la fin de l'âge du cuivre. L'époque s'avère particulièrement fascinante à analyser, car c'est une ère de changements en Mésopotamie, propice aux évolutions urbaines. Le Moyen-Orient était alors en proie à des luttes de pouvoir et à l'émergenceémergence de forces politiques et diplomatiques majeures. Les chercheurs pensent par ailleurs que Shakhi Kora aurait pu tomber sous la coupe de la cité d'Uruk, dont la montée en puissance structurait le fonctionnement de ces États il y a plusieurs millénaires.
La puissance d’Uruk se frotte à des résistances locales
Dans le sud de la Mésopotamie, la ville d'Uruk atteint une surface considérable en 3 000 avant J.-C., d'environ 550 hectares. Les historienshistoriens français considèrent qu'Uruk constitue l'épicentreépicentre d'une véritable révolution urbaine à elle seule. Cité-État dite archaïque, elle bénéficie de l'impulsion liée à la naissance du cunéiforme, entraînant de forts changements intellectuels, religieux et politiques. Le centre du pouvoir s'enracine sur place et commence rapidement à s'étendre.
La puissance d'Uruk est à son faite au début du IIIe millénaire avant J.-C., mais forme la première réelle puissance sumérienne au millénaire précédent. Des communautés, comme celle de Shakhi Kora, auraient supposément pu tomber sous la férule d'Uruk à cette période, les régents de la cité souhaitant centraliser le pouvoir. Les écuelles auraient servi à recueillir de la nourriture distribuée par les autorités, qui visaient alors à bâtir des villes en se basant sur le modèle urbain d'Uruk. L'aventure se serait toutefois terminée prématurément. Les recherches indiquent que Shakhi Kora est abandonnée depuis la moitié du IVe millénaire.
Les suppositions vont bon train, mais une théorie est défendue par les historiens : les habitants auraient simplement décidé de quitter le site pour protester face à la présence du gouvernement sud-mésopotamien. Ce qui n'a pas empêché la cité ancienne d'étendre sa zone d'influence sur une grande partie de la Mésopotamie durant des siècles.