Pour les archéologues, découvrir une tombe est une aubaine, en découvrir soixante est un véritable jackpot ! Dans une ville du nord de l’Égypte, ce sont autant de tombeaux qui ont été explorés ces dernières semaines, recelant de nombreux artefacts et éclairant les chercheurs sur une époque trouble de l’Antiquité égyptienne.
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Le rêve de tout archéologue : faire une découverte aussi importante que celle annoncée par le ministère du Tourisme et des Antiquités égyptiennes il y a quelques jours. Dans la ville de Damiette, au nord de l'Égypte, des fouilles archéologiques ont permis d'exhumer soixante-trois tombes, dont les plus anciennes remontent au VIIe siècle avant J.-C. À l'intérieur des sépulturessépultures, des dizaines d'artefacts viennent agrémenter la découverte. Provenant de diverses périodes de l'Antiquité, ces objets variés éclairent les historienshistoriens sur les pratiques funéraires en Égypte à travers les siècles.
700 ans de rites funéraires en Égypte
Les plus vieilles tombes excavées à Damiette datent de la 26e dynastie, comme le précise le site LiveScience, qui s'étend de 688 à 525 avant J.-C. Les plus récentes correspondent à l'ère ptolémaïque, s'achevant en 30 avant J.-C. C'est un véritable complexe funéraire, que les chercheurs appellent Tel-El-Dir, éclairant sur les habitudes de vie des locaux. Les artefacts recouvrés démontrent une certaine aisance de la population.
Ainsi, ce sont des dizaines de statuettes en céramiquecéramique et des figures mythologiques recouvertes de feuilles d'or qui reposaient sous terre. Baptisées « oiseauoiseau-ba », ces chimèreschimères possèdent un corps ailé surmonté d'une tête humaine. Le « ba » est une part importante dans les croyances de l'Égypte antique. Sans réellement représenter l'âme au sens premier du terme, le ba désigne la part de conscience s'envolant de l'enveloppe charnelle à la mort. L'autre symbole retrouvé dans les tombes est l'ŒilŒil oudjat, associé au dieu Horus. Cette divinité capitale du panthéon égyptien était souvent louée lors des funérailles, considérée comme un dieu protecteur pour les personnes disparues. Ces offrandes à Horus étaient elles aussi recouvertes de feuilles d'or.
Plusieurs dizaines d’artefacts resplendissants couverts de feuilles d’or ont été retrouvées par les archéologues à Damiette. © Ministère du Tourisme et des Antiquités
Un point de passage majeur du nord de l’Égypte
Dans certaines des soixante-trois tombes fouillées, les archéologues mettaient la main sur une grande quantité de pièces anciennes. Certaines sont en bronze et postérieures au IVe siècle avant J.-C., en circulation durant la période Ptolémaïque. Pour les spécialistes, elles pourraient avoir été produites vers 206 avant J.-C. Les détails se révèlent particulièrement intéressants. Une grande partie des pièces sont frappées d'une figure étrange, celle de la déité Zeus-Amon. Ce mélange entre le dieu grec Zeus et le dieu égyptien Amon démontre le développement d'une mixité culturelle dans cette région de l'Égypte durant l'Antiquité.
Le directeur du Centre d'études alexandrines, Thomas Faucher, expliquait à LiveScience que l'époque durant laquelle ces pièces circulaient était tumultueuse. En cause, des révoltes éclataient à travers le pays pour protester contre le régime des PtoléméePtolémée. Les pièces à l'effigie de Zeus-Amon ont rapidement disparu, remplacées par une nouvelle monnaie dans les décennies suivantes.
L’œil d’Horus, ou oujdat, se retrouve dans de nombreuses tombes de l’Égypte antique. Il est présenté ici sous la forme d’une amulette. © Marie-Lan Nguyen
En revanche, les chercheurs n'ont pas précisé si des dépouilles ont été retrouvées dans les tombes. Des études approfondies du site de Tel-El-Dir pourraient permettre d'en apprendre plus sur cette époque instable ayant jalonné l'histoire de ce pays millénaire.