Les fouilles archéologiques ne cessent jamais vraiment à Narbonne, et cette fois, c'est un quartier entier que les chercheurs ratissent depuis près de huit mois. Sur 3 000 mètres carrés s'étendent de nombreux édifices et entrepôts, marquant une forte activité commerciale et marchande dans le second plus grand port de l'Empire romain. 


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    On savait la ville de Narbonne particulièrement généreuse en vestiges archéologiques datant de l'Empire romain. Et ces derniers mois, Narbo Martius n'a pas fait défaut à sa réputation ! Le centre historique de la cité occitane, située à 150 kilomètres au sud-est de Toulouse, fait l'objet d'une importante campagne de fouilles depuis le mois d'août 2023. Les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) semblent avoir exhumé plusieurs structures datant du Haut-Empire, vers le Ier siècle de notre ère. Dans un communiqué datant du 22 mars, l'institution détaille quelques-unes de ces prestigieuses découvertes.

    Une plaque tournante du commerce de la Colonia Narbo Martius

    C'est un quartier entier qui s'étend sur une aire de 3 000 mètres carrés de fouilles. Dans un premier temps, les chercheurs ont déterré la base d'un murmur d'enceinte, appelé courtine, puis ce qui semble être une tour. Les historienshistoriens pensaient que Narbonne ne disposait pas de fortifications, mais cette découverte change la perception urbaine de la cité durant l'Antiquité.

    Les archéologues fouillent le quartier du port urbain de Narbo Martius. © Jean-Baptiste Jamin, INRAP
    Les archéologues fouillent le quartier du port urbain de Narbo Martius. © Jean-Baptiste Jamin, INRAP

    Dans un périmètre relativement proche, des bâtiments ont été construits autour de l'an 50. Les archéologues ont réussi à décomposer les différentes stratesstrates formant le site, réussissant ainsi à dater les constructionsconstructions. Si une première phase a débuté au milieu du Ier siècle, de nouvelles structures apparaissent dans le quartier jusqu’au IIIe siècle. Elles correspondent à l'apogée de l'Empire romain, exerçant une véritable hégémonie autour du bassin méditerranéen. À cette époque, Narbonne est un port florissant, première colonie romaine établie dans cette région de la Gaule méridionale et fendue par une voie romaine majeure, la Via Domitia.

    Le chantier de fouilles s'étend sur près de 3 000 mètres carrés, à l'extérieur du centre historique de Narbonne. © Antoine Farge, INRAP
    Le chantier de fouilles s'étend sur près de 3 000 mètres carrés, à l'extérieur du centre historique de Narbonne. © Antoine Farge, INRAP

    Le site archéologique étudié par l'Inrap est l'exemple même de la prospérité de la cité. Plusieurs constructions étaient des entrepôts permettant de stocker des marchandises. Quelques éléments viennent étayer les observations des universitaires. Un bâtiment abritait notamment des murs d'enduits peints, ce qui pourrait laisser penser à une activité commerciale dans un édifice un peu plus cossu. En marge, des pièces plus petites mais constellées de mosaïques semblent avoir servi de bureau. Ce quartier antique était donc non seulement destiné à la circulation de marchandises à quelques kilomètres de l'embouchure de l'Aude et de la Méditerranée, mais plus généralement à une activité commerciale.

    Des fresques viennent orner certains murs découverts lors des excavations. © Flore Giraud, INRAP
    Des fresques viennent orner certains murs découverts lors des excavations. © Flore Giraud, INRAP

    E Pluribus Unum

    Le port antique de Narbonne était l'un des plus importants de l’empire, considéré comme le second plus important port à l'ouest de l'Europe après celui de Rome. À partir du IIIe siècle, tandis que l'empire subit de nombreux changements, Narbonne perd de son rayonnement. L'Inrap estime que le quartier exploré depuis août dernier a probablement été abandonné entre le IVe et le Ve siècle. La cité connaît alors une histoire pour le moins... rocambolesque. Un temps sous le contrôle des Wisigoths à la fin de l'Antiquité, elle est occupée par les forces du califat omeyyade au cours du VIIIe siècle. Narbonne préserve toutefois une certaine importance tout au long du Moyen Âge jusqu'à l'ère contemporaine, devenant une véritable aubaine pour les archéologues au cours des dernières décennies.