Les « sifflets de la mort » retrouvés ces dernières années lors de fouilles archéologiques au Mexique ont suscité la curiosité des chercheurs et du grand public. Les scientifiques se lançaient récemment dans une étude pour comprendre l'impact psychologique et les effets de ces objets singuliers.
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Dans les jungles luxuriantes du centre du Mexique, les animaux se font silencieux tandis qu'un cri glaçant vient percer l'épaisse canopéecanopée. Le son puissant et effrayant, ressemblant à celui d'une femme terrorisée ou subissant les pires exactions, provient cependant... d'un sifflet. En 1999, les fouilles d’un temple sur le site de Tlatelolco, à Mexico permettaient d'exhumer l'un de ces artefacts. Les archéologues baptisent cet objet « sifflet de la mort », utilisé par les Aztèques. Avec sa sonorité inhabituelle, des chercheurs ont essayé de décrypter le mécanisme de l'inquiétude provoquée par les sifflets de la mort. Un article publié dans Nature Communications-Psychology le 11 novembre détaille les expérimentations réalisées avec ces artefacts et leur impact psychologique.
Dans l’engrenage de la peur
La plupart des sifflets de la mort retrouvés à ce jour datent de 1250 à 1521, approximativement la période durant laquelle l'empire aztèque a prospéré au Mexique.
Mesurant en moyenne entre trois et cinq centimètres, prenant généralement la forme de crânescrânes, les sifflets aztèques font se croiser différents flux d'air en soufflant dedans. S'en échappe une sonorité saisissante, ressemblant à un cri.
Sifflet de la mort aztèque : le son le plus effrayant. © The Why Files
Un son effrayant
Les chercheurs ont voulu analyser l'impact et les effets du son produit par les sifflets, en lançant des expérimentations sur un panel d'Européens ne connaissant pas ces objets, ni leur utilité. Dix-huit femmes et quatorze hommes se sont prêtés à l'expérience. Des relevés scanographiques démontrent que le son des sifflets provoque une réaction psychoacoustique chez les participants. Ces derniers ressentent ainsi une sensation d’urgence, démontrée par neuro-imagerie.
Ces résultats sont mis en parallèle avec d'autres sonorités variées. La réaction psychoacoustique au sifflet de la mort est ainsi relativement similaire à d'autres bruits « inquiétants », tels que des coups de feu, des sirènes ou encore des sons humains renvoyant à la colère ou à la peur.
Utilisation rituelle ou guerre psychologique ?
Dès lors, plusieurs théories émergentémergent quant à l'utilité des sifflets de la mort. Les scientifiques évoquent trois thèses. Dans un premier temps, ils auraient pu être utilisés durant des rituels rendant hommage à des dieux : celui du monde souterrain, Mictlantecuhtli, ou du ventvent, Ehecatl. La seconde s'attarde sur l'emploi des sifflets lors de sacrifices, humains et animaux. La troisième hypothèse, la plus étayée, aborde l'idée de la guerre psychologique.
Pour les anthropologues, il est probable que les Aztèques aient eu parfaitement conscience de l'effet psychologique provoqué par le son dérangeant émis par les sifflets. Les soldats aztèques auraient ainsi pu utiliser ces étranges objets pour effrayer leurs ennemis en amont d'un conflit armé.
L'emploi de sons dans un cadre guerrier est une technique encore pratiquée au XXe siècle, durant la Seconde Guerre mondiale avec les Stukas allemands, ou pendant la guerre du Vietnam avec l'emploi de sonorités inquiétantes lors de l'opération Wandering Soul. Concernant les sifflets aztèques, l'article souligne toutefois que de plus amples recherches croisées et interdisciplinaires seront nécessaires pour établir l'utilité réelle de ces inquiétants artefacts.