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En janvier 2017, au détour de travaux de réfection de canalisationscanalisations, des chercheurs de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont découvert, sous la rue principale du Mont-Saint-Michel, un cimetière paroissial datant du Moyen Âge. La fouille a permis de mettre au jour une quarantaine de sépultures dans des états de conservation variés.
Selon Elen Esnault, responsable de l'opération à l'Inrap, ce sont là les restes des premiers habitants du Mont-Saint-Michel qui ont été retrouvés. Car, en attendant une datation précise au carbone 14, qui devrait tomber début 2018, les chercheurs estiment que ce cimetière date d'avant le XIIIe siècle.
Les premiers habitants du Mont-Saint-Michel se sont probablement installés sur le site au VIIIe siècle, au moment de la création du tout premier lieu de culte sur le rocher. Les études à venir devraient permettre d'en savoir plus sur leur mode de vie. © Emmanuelle Collado, Inrap
Des informations sur la morphologie du village
Ces travaux apportent de nouveaux éléments à propos du village, son évolution et sa morphologiemorphologie. « Nous l'imaginions plutôt en hauteur et assez restreint, et finalement, il était assez développé », a raconté Elen Esnault à l'occasion d'une conférence tenue ce weekend. Le premier village du Mont-Saint-Michel semble ainsi s'être resserré au XIIIe siècle alors qu'il était plus étendu à l'origine.
« On peut imaginer que le village s'est resserré pour mieux se protéger, après l'attaque des Bretons en 1204, au cours de laquelle il a été incendié, et a probablement subi des destructions assez importantes. » Le rempart du XIIIe siècle a ensuite été démonté pour être reconstruit au XIVe siècle sur son tracé actuel, puis, à nouveau, le village s'est progressivement étendu.
Avec AFP
Mont-Saint-Michel : découverte d'un ancien cimetière et d'une fortification médiévale
Les fouilles se poursuivent toujours sur la commune du Mont-Saint-Michel, à l'histoire longue et complexe, entre édifications, sièges militaires et fortifications. Après une décennie d'études, entre 2005 et 2015, qui ont révélé quelques épisodes méconnus, ce sont des travaux d'intervention sur les réseaux dans la Grande rue, près de l'église, qui ont, par surprise, exhumé une fortification médiévale et un cimetière paroissial. Ils vont être examinés de près.
Article de l'Inrap paru le 01/02/2017
En 2005, une équipe de l'Inrap avait mis au jour de nombreux moules en schiste destinés à la fabrication d'enseignes de pèlerinage, à l'emplacement d'un atelier de production daté des XIVe et XVe siècles, près de l'entrée de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. La variété et la qualité de ces pièces en font aujourd'hui une collection de référence en archéologie médiévale. En 2011, les archéologues ont révélé les vestiges d'une tour des fortifications, la tour Denis, ouvrage édifié vers 1479 et détruit en 1732. En 2015, d'anciennes maisons, donnant sur la grève et détruites en 1368, ont été étudiées.
Dans l'abbaye, l'Inrap a suivi plusieurs chantiers de restauration conduits par l'architectearchitecte en chef des Monuments historiques dont les opérations importantes menées sur la Merveille, sur l'ancienne Hôtellerie de Robert de Torigny et sur les Logis abbatiaux. Aujourd'hui, la recherche des fortifications et de la porteporte du XIIIe siècle a permis la découverte, inattendue, du cimetière paroissial.
Sous les pierres des bâtiments, des restes humains témoignent de la présence d’un cimetière, dont les historiens connaissaient l’existence mais que l’on pensait perdu. © Emmanuelle Collado, Inrap
D’anciennes fortifications réapparaissent... et révèlent un cimetière médiéval
Dans le cadre des travaux de réfection des réseaux menés par la commune du Mont-Saint-Michel, les archéologues de l'Inrap recherchent aux abords de l'église paroissiale, la fortification du XIIIe siècle et la porte du village, mentionnés dans un texte du XVe siècle : « Ledit d'Estouville et les moynes les firent renforcer l'an 1425, auquel temps la porte de la ville fut changée, estant vis-à-vis de l'église paroissiale, elle fut mise là où elle est à présent » (Le Roy, rééd. Decaëns, 2008). En 1204, les Bretons, alliés de Philippe-Auguste, roi de France, font le siège du Mont-Saint-Michel et mettent le feu au village et à l'abbaye : « le tout fut facile à faire aux Bretons, car la ville n'estoit point close de muraille mais de pallis de boisbois seulement » (même source).
En 1256, sous l'impulsion de l'abbé Richard Turstin, une nouvelle enceinte en pierre est édifiée. C'est cette enceinte, arasée depuis, que les archéologues pensent avoir décelée sous la forme d'une large tranchée de récupération. Située dans l'axe du rempart conservé au sud de la tour Nord, cette tranchée opère un retour à angle droit vers l'ouest, marquant une chicane qui pourrait indiquer l'emplacement de la porte.
Mais les travaux ont également révélé la présence du cimetière paroissial, pensé détruit par l'installation des réseaux en 1913. À l'origine, ce cimetière s'étendait sur un rayon de 30 m environ autour de l'église. Au moment de l'édification de la muraille de Turstin, le village semble se rétracter et une partie de ce cimetière est abandonnée. Abîmée, tronquée, bouleversée par les aménagements postérieurs, la trentaine de sépulturessépultures sauvegardées permet cependant aux anthropologues de recueillir de précieuses informations sur l'organisation des inhumations. Des datations au carbone 14datations au carbone 14 et des études archéo-anthropologiques permettront une meilleure datation et la détermination de l'âge, du sexe et des éventuelles maladies ou carencescarences des défunts. Ces données offriront ainsi un aperçu de la population du village du Mont-Saint-Michel avant le XIIIe siècle.
Par ailleurs, le cloître de l'abbaye va faire l'objet de travaux visant à retrouver les niveaux d'origine des sols, exhaussés lors d'une phase de restauration. La fouille et l'étude de bâti menées à cette occasion documenteront l'état initial du cloître et ses éventuelles évolutions. Les études archéologiques menées au Mont-Saint-Michel par l'Inrap depuis 2001 abordent des aspects effleurés par les études historiques. Touchant à la fois l'abbaye, le village et les fortifications, elles permettent de renouveler et préciser l'histoire riche et mouvementée du Mont.