Plus de 3 000 ans après sa fondation, la nécropole de Saqqarah continue d'attirer des équipes d'archéologues soucieux d'excaver les secrets du site. Au cours d'un chantier s'étant déroulé en 2023, des chercheurs ont exploré des tombeaux recelant de nombreux objets mystérieux, dont des masques mortuaires habillant des momies ou des statuettes de dieux de la Grèce antique...
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À quelques kilomètres au sud du Caire se dressent les vestiges d'une prestigieuse nécropole, l'une des plus vastes d'Égypte : Saqqarah. Tombeaux et mastabas réservés à l'élite de l'Antiquité égyptienne s'étalent sur plusieurs dizaines de mètres carrés. Exploré à partir de 1850, le site de Saqqarah est le théâtre de nombreuses fouilles depuis le début des années 2010, avec d'étonnantes trouvailles à la clé. Un communiqué du ministère du Tourisme et des Antiquités égyptien, relayé par Live Science le 10 janvier, rapporte que des dizaines d'artéfacts ont été exhumés lors d'un programme de fouilles initié en 2019. Les archéologues ont ainsi mis la main sur plusieurs masques mortuaires et des statuettes rituelles.
Masques mortuaires et dieu du Silence
Lors de fouilles entamées en 2019, les chercheurs avaient trouvé l'emplacement de plusieurs tombes datant de l’ancienne Égypte. L'annonce faite par le gouvernement égyptien concerne toutefois une nouvelle moisson de sépulturessépultures, excavées au cours de l'année 2023. Les masques mortuaires collectés par les universitaires étaient déposés sur les visages de momies. Les mouluresmoulures de facièsfaciès sont agrémentées de pigments de couleur. Selon les premières estimations, ils auraient été fabriqués durant l'ère romaine et ptolémaïque, entre 29 avant J.-C. et 641 de notre ère.
L'un des masques retrouvés à Saqqarah, venant habiller le visage de momies dans leurs sarcophages. © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités
Entre les sarcophages reposaient aussi des statuettes et des effigies, dont l'une représente le « dieu du silence ». Harpocrate, ou « l'enfant Horus » dans la mythologie égyptienne, est une déité grecque. La statue d'Harpocrate retrouvée à Saqqarah correspond aux représentations habituelles du dieu : nu, avec une morphologiemorphologie enfantine. Harpocrate surmonte ici une oieoie, ce qui pourrait induire plusieurs significations, laissant les scientifiques actuellement dans l'incertitude. De nombreux textes hiéroglyphiques représentent le dieu Geb, personnification de la Terre, avec le symbole d'une oie.
Représentation en argent du dieu Harpocrate datant de l'ère ptolémaïque, ici photographiée à la fondation Calouste Gulbenkian de Lisbonne. © Patrick Clenet, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Dans certains cas, l'oie pourrait représenter l'âme du défunt. Diverses fouilles archéologiques à travers l'Égypte ont permis de recouvrer des objets funéraires représentant une oie. Pour le docteur Nozomu Kawai, chercheur et égyptologue à l'Université de Kanazawa, l'oie du tombeau de Saqqarah pourrait aussi symboliser le triomphe d'Harpocrate sur un mauvais esprit, représenté par l'animal.
Cette stèle, petit relief sculpté, porte une inscription indiquant qu'elle a appartenu à — ou qu'elle a été créée pour — un homme dénommé « Héroide ». © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités
Des questions enfouies dans un sépulcre
Les recherches sur le site de Saqqarah soulèvent parfois plus de questions qu'elles n'en résolvent. Une vaguevague inscription gravée sur une stèle de pierre, « Heroide », fournit un maigre indice aux historienshistoriens. L'identité des momies enterrées dans la nécropole reste un mystère. En 2019, Nozomu Kawai levait déjà le voile sur les origines d'un individu reposant dans une tombe de Saqqarah et retrouvé lors d'une campagne d'excavations. Les archéologues venaient alors de rencontrer « Demetria », une femme de prestige, ayant vécu il y a 2 000 ans ; les caractéristiques de son tombeau démontrant une influence certaine dans la haute société égyptienne de l'Antiquité.