Dans une vallée reculée du nord de la Malaisie, des fouilles archéologiques extensives ont permis de collecter une impressionnante quantité d’objets. Des dizaines de milliers d’artefacts préhistoriques offrent une chronologie plus précise de la région durant le Néolithique.


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    Dans la province de Kelantan, au nord de la capitale malaisienne Kuala Lumpur, c'est une véritable moisson archéologique qu'ont réalisée les chercheurs entre mars 2022 et octobre 2023. Il y a deux ans, les autorités lançaient des travaux de recherches préventives dans la vallée de Nenggiri, sur le site de Gua Musang, précédant la constructionconstruction d'une centrale hydroélectrique. Dans un ensemble de grottes nichées dans la zone, les spécialistes exhumaient en dix-neuf mois près de 71 000 artefacts du Néolithique, ainsi que des squelettes datant de la même époque.

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    Plus précisément, ce sont treize grottes creusées dans le calcairecalcaire que les archéologues exploraient entre 2022 et 2023. Les restes de seize individus reposaient à Gua Musang, placés volontairement dans des positions variées. Un squelette complet, vieux de 14 000 à 16 000 ans, a toutefois été retrouvé, précise LiveScience dans un article paru le 10 septembre. Les individus les plus récents datent du Néolithique, il y a environ 6 000 ans.

    Image du site Futura Sciences

    Seize squelettes ont été retrouvés dans les grottes, dans des positions variées, mais dans un état de conservation étonnant. © Nenggiri Valley Rescue Excavation

    Les hypothèses émergentémergent déjà pour déterminer l'origine et l'ethnie de ces squelettes préhistoriques. Ils pourraient être des chasseurs-cueilleurs appartenant à la culture hoabinhienne. Cette dernière désigne les méthodes de fabrication lithique du sud-est de l'Asie entre la fin du PléistocènePléistocène et l'HolocèneHolocène. On retrouve des sites hoabinhiens entre le sud de la Chine et le nord de l’Indonésie, reconnaissables par leurs artefacts, mais aussi par leur mode de consommation. Les sites hoabinhiens sont décrits pour la première fois par des archéologues français en mission dans la province vietnamienne d'Hoa Binh au cours du XXe siècle. En Malaisie, les éléments excavés laissent supposer que les grottes ont été utilisées durant plusieurs millénaires, à des fins funéraires. Pour l'heure, les universitaires ne divulguent pas plus de détails sur les spécificités du site.

    Des bijoux en cristaux et des outils datant du XIIIe millénaire avant J.-C.

    Parmi les 71 000 artefacts recouvrés, de nombreux outils en pierre servant à la chasse, mais aussi des fragments de poteries ou encore des bijoux. Ces derniers sont constitués de cristaux ou d'ocreocre rouge incrustés dans de la pierre. Bijoux comme outils sont polis et datent de différentes périodes, enterrés sciemment avec leurs supposés propriétaires. L'Universiti Kebangsaan Malaysia (UKM, Université nationale de Malaisie) expose aussi des coquillages, restes de nourriture consommée par les habitants de la vallée de Nenggiri.

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    En apparence, ce sont de simples coquillages. Ils ont pourtant été consommés par les habitants de la vallée durant le Néolithique. © Nenggiri Valley Rescue Excavation, UKM

    Pour les spécialistes de l'UKM, les découvertes récentes en Malaisie permettent de reconstituer l'histoire du pays, dans le cadre d'une chronologie étendue de cette partie du continent asiatique. De plus amples analyses au radiocarbone continuent d'offrir des détails sur ces sociétés néolithiques. Si les fouilles se sont achevées depuis presque un an à Nenggiri, la construction de la centrale hydroélectrique continue de faire débat. Malgré un apport économique important, certains dénoncent les dégâts occasionnés par le projet, avec plusieurs secteurs de la vallée submergée par les eaux pour former un lac artificiel à partir de 2027.