Dans le sud-ouest de l’Angleterre, les archéologues découvraient sans le savoir un charnier, il y a presque cinquante ans. De récentes études menées sur ces squelettes démontrent que les victimes ont été massacrées, mais aussi cannibalisées. 

 


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    Le monde de l'âge de bronze pouvait se révéler particulièrement violent. Un constat confirmé par de récentes recherches menées sur des squelettes retrouvés en Angleterre au cours des années 1970. En scrutant au plus près les restes de 37 personnes, les scientifiques ont constaté des altérations particulièrement impressionnantes, laissant entrevoir la survenue d'un véritable massacre il y a quatre-mille ans. Les victimes auraient été cannibalisées : une occurrence relativement rare dans cette région d'Europe.

    Un processus de déshumanisation de l’ennemi

    Dans un article publié le 16 décembre, la BBC détaille les macabres découvertes des archéologues travaillant sur le sujet. Les os se trouvaient dans un réseau de grottes du Somerset, appelé Charterhouse Warren. Dans un premier temps, les chercheurs ont répertorié la quantité de marques trouvées sur les ossements, afin d'établir la cause d'un si grand nombre de morts. Les 37 individus auraient été attaqués par surprise, lors d'un assaut d'une brutalité inouïe.

    De nombreux indices laissent penser que les victimes de Charterhouse Warren ont fait face à une violence sans précédent. Ici, on observe des fissures sur un crâne, associé à coup brutal porté à la tête. © Rick Schulting
    De nombreux indices laissent penser que les victimes de Charterhouse Warren ont fait face à une violence sans précédent. Ici, on observe des fissures sur un crâne, associé à coup brutal porté à la tête. © Rick Schulting

    Les dommages constatés sur les restes permettent d'affirmer que les victimes ont été attaquées avec des armes rudimentaires en pierre. Elles ont été démembrées avant d'être « consommées » lors d'actes d'anthropophagie. Si des cas de cannibalisme ont déjà été observés dans l'Europe préhistorique et antique, les archéologues soulignent le caractère unique de cette découverte. Ces faits de cannibalisme n'auraient pas été perpétrés pour combler la faim, mais par vengeance. Dévorer les cadavres, c'étaient les désacraliser. Sur 37 personnes, la moitié des victimes étaient des enfants et des adolescents, renforçant l'aspect particulièrement barbare de cette action.

    Le cannibalisme en Europe : vif débat chez les historiens

    Les historienshistoriens l'assurent : ils n'avaient jusqu'alors jamais relevé un tel massacre sur le territoire britannique durant cette période. Auparavant, une dizaine d'individus portant des stigmatesstigmates analogues ont été étudiés dans la région. Diverses affaires de cannibalisme ont existé à travers l'histoire européenne.

    En France, en Espagne ou encore en Allemagne, des épisodes d'anthropophagie se sont déroulés durant la préhistoire, le plus ancien datant d'il y a cent-mille ans. D'autres affaires sont documentées au Moyen Âge. L'une des plus récentes s'est déroulée en France, dans le village de Hautefaye, au cours de l'année 1870. Sur fond de guerre avec la Prusse, un jeune notable était lynché, brûlé vif, et plusieurs témoins affirment que certaines parties de son corps auraient été dévorées...

     

    La vérité sur le cannibalisme dans l'Europe néolithique. © Dan Davis History

    Le cannibalisme n'est pas considéré comme ayant fait partie des normes dans les sociétés européennes, représentant des épisodes ponctuels et relativement rares. Le charnier de Charterhouse Warren, s'il est singulièrement effroyable, n'est qu'un événement isolé dans l'histoire de l'archipelarchipel.

    Les archéologues précisent qu'il ne faut pas considérer l'âge de bronze comme une ère particulièrement violente. Pour preuve, la plupart des communautés, réunissant en moyenne une centaine de personnes, vivaient sans remparts ni barricades pour se protéger du monde extérieur. Un choix parfois préjudiciable, au vu des affrontements entre les peuplades archaïques.