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Reconstitution 3D de la cité de Corent vers 80 av. J.-C., créée à partir des fouilles menées par M. Poux. Visite virtuelle ici. © Conseil Général du Puy–de-Dôme, Court-jus production
L'oppidum de Corent, près de Clermont-Ferrand, s'apparente à un promontoire naturel d'une superficie de 60 hectares. Bien que ce plateau qui domine la plaine de la Limagne soit désormais dévolu à l'agricultureagriculture, il n'en a pas toujours été ainsi. Occupé par l'Homme dès le Néolithique, le site a ensuite connu plusieurs phases successives d'occupation. Elle atteint son paroxysme avec l'agglomération gauloise, entre le IIe et le Ier siècle av. J-C, lorsque l'oppidum devient la capitale des Arvernes, puissant peuple gaulois du Massif central.
Pour la première fois, des paléoenvironnementalistes du laboratoire Geolab (CNRS, Université Blaise PascalBlaise Pascal, Université Limoges) et de la Maison des sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand associés à des archéologues des unités de recherche Arar (CNRS, Universités Claude BernardClaude Bernard Lyon 1 et Lumière Lyon 2) et Traces (CNRS, Université Toulouse Jean Jaurès, EHESS, Inrap) sont parvenus à déterminer l'impact de ces premières formes d'urbanisation sur le milieu naturel environnant. « Le site archéologique de Corent se prête tout particulièrement à ce genre d'analyse, car il abrite une petite zone humidezone humide dont les dépôts sédimentaires ont enregistré les vicissitudes de cette longue occupation humaine », souligne Yannick MirasMiras, palynologue au laboratoire Geoloab et coauteur de l'étude publiée le 8 avril 2015 dans la revue Plos One.
Vue panoramique du Puy de Corent, situé près de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme. © B. Dousteyssier
Alternance de périodes de forte occupation
En analysant les grains de pollenpollen d'une carottecarotte de sédimentssédiments prélevée sur cette zone humide, les scientifiques sont parvenus à dresser un portrait de l'environnement naturel du plateau de Corent entre 4000 av. J.-C. et 100 après J.-C. Ils ont ensuite recoupé ces informations avec celles issues de plusieurs vestiges archéologiques (citernes, caves, latrines, etc.) témoignant des périodes de forte occupation humaine du site. Les chercheurs ont ainsi mis au jour une dynamique paléoenvironnementale très particulière associée à l'existence d'agglomérations protohistoriques.
Vers la fin de l'âge du Bronze final, entre 1050 et 900 ans av. J.-C., une première tendance à la fermeture du milieu naturel apparaît en même temps qu'un déclin de l'agriculture. Elle s'accompagne d'une augmentation de la biodiversitébiodiversité des plantes liées à une perturbation du milieu et de celle des végétaux non indigènesindigènes. « Le fait de retrouver des grains de pollen appartenant à des espècesespèces méridionales telles que le châtaignierchâtaignier ou le platane pourrait signifier que l'agglomération avait établi, dès cette époque, des échanges avec le bassin méditerranéen », explique Paul Ledger, coauteur de ces travaux et actuellement palynologue à l'Université d'Aberdeen (Écosse).
Entre le Ier et le IIe siècle avant J.-C., à l'apogée de l'urbanisation du site, l'équipe retrouve ces mêmes particularités, l'agriculture ayant même, semble-t-il, cette fois-ci, désertée le plateau de Corent. Pour confirmer cette hypothèse, les scientifiques souhaitent maintenant étudier les sédiments d'un ancien lac situé au pied de l'oppidum. Ils espèrent ainsi recueillir des indices montrant que l'activité agricole s'est déplacée en zone périurbaine sous l'effet de la pression urbaine grandissante de la capitale des Arvernes.