L’histoire d’Homo sapiens continue de passionner et de susciter des questions. Des découvertes récentes dans un archipel indonésien permettent d’en apprendre plus sur l’implantation de sociétés en Asie du Sud-Est, plusieurs millénaires avant notre ère.


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    Comprendre comment les populations se sont implantées dans les îles et archipelsarchipels d'Asie du Sud-Est fascine les anthropologues. Le sujet fait effectivement débat. Comment des peuples primitifs équipés de matériel rudimentaire sont-ils parvenus à mettre le pied sur des terres bien reculées ? Et surtout, depuis quand ? Une étude parue le 13 août dans la revue Antiquity, des Presses universitaires de Cambridge, tente de faire la lumière sur cette colonisation survenue il y a plusieurs millénaires. Les scientifiques ont ainsi déterminé une date à laquelle Homo sapiens aurait quitté l’Eurasie pour des climatsclimats plus tropicaux.

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    Des indices au compte-goutte dans une grotte indonésienne

    Les chercheurs ont enquêté sur certaines caractéristiques de l'archipel de Raja Ampat. Situé au nord-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, il fait partie du gigantesque territoire de l’Indonésie. De l'île de JavaJava à la Sulawesi, nombreuses sont les traces des colonies préhistoriques s'étant essaimées dans cette région d'Asie du Sud-Est. En se basant sur des artefacts anciens et en analysant l'évolution du niveau de la mer, les historienshistoriens réussissent à dégager une date concernant l'arrivée d'Homo sapiensHomo sapiens sur ces terres tropicales.

    Image du site Futura Sciences

    La grotte de Mololo est le théâtre de fouilles extensives pour tenter d’en apprendre plus sur l’arrivée d’Homo sapiens dans l’archipel. © The Raja Ampat Archaeological Project

    Homo sapiens serait arrivé à Raja Ampat entre 48 000 et 53 000 avant J.-C. Dans une grotte baptisée Mololo, les archéologues recouvraient des résidus d'animaux, possiblement manipulés à des fins précises. Mais surtout, un artefact en résine dont l'aspect ne trompe pas : la matière a bel et bien été collectée depuis un arbrearbre par des mains humaines. Des fragments de calcairecalcaire qui semblaient avoir été altérés sont aussi à l'étude, bien que les scientifiques précisent qu'il est complexe et délicat de distinguer certains artefacts du PléistocènePléistocène et de l'HolocèneHolocène.

    La route de l’Homo sapiens sur un continent perdu

    L'un des objectifs de l'étude est d'établir par quel moyen les individus du Pléistocène ont réussi à atteindre la Nouvelle-Guinée, voire l’Australie. Plusieurs itinéraires potentiels sont esquissés entre le continent et les archipels d'Asie du Sud-Est. Les explorateurs préhistoriens auraient pu avoir recours à des radeaux ou des embarcations sommaires. Une fois arrivés à Raja Ampat, ils auraient pu emprunter une voie terrestre qui ralliait auparavant la Nouvelle-Guinée à l'Australie. Nommée Sahul, cette bande de terre aurait été un pont pour ces civilisations anciennes, avant que le niveau de la mer n'augmente pour venir l'engloutir.

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    La résine survit à l’épreuve du temps et mieux encore, permet une datation bien claire quant à son extraction. © Gaffney, Tanudirjo and al.

    Cette traversée ne s'est pas faite en quelques jours. Pour les anthropologues, il y a eu une véritable adaptation des peuples migrateursmigrateurs. Pour preuve, les morceaux de résine retrouvés à Mololo ont été traités et manipulés pendant plusieurs années, démontrant une implantation locale d'Homo sapiens. Pour les scientifiques, ces nouvelles conclusions sont autant de preuves attestant de l'adaptabilité de l'Homme moderne, capable de s'établir dans de nouvelles régions, sous de nouveaux climats... Et de subsister malgré tout.