Plusieurs restes de grands mammifères préhistoriques, en Amérique du Sud, sont étroitement associés à une technique de chasse, combinant des projectiles particulièrement élaborés, utilisée par l'Homme. L'extinction de nombreuses espèces de ces mammifères à la suite de l'arrivée des populations humaines sur le continent suggère que l'Homme a directement contribué à ce phénomène.
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Plusieurs phénomènes d'extinction massive d'espèces ont eu lieu au cours des temps profonds, dont certains sont liés au volcanismevolcanisme, aux bouleversements climatiques brutaux et aux chutes de météorites. Au cours de la Préhistoire, des extinctions d'espècesespèces ne semblent pourtant pas être liées uniquement à des changements environnementaux.
En Amérique du Nord, 70 % des mammifères appartenant à la mégafaune (espèces pesant plus de 44 kgkg à maturité sexuelle) ont, par exemple, disparu entre 13.000 et 12.000 ans avant J.-C., et ceci s'est produit à la même période que la première vaguevague d'arrivée de populations humaines depuis l'Asie. L'impact relatif des comportements humains et celui de la diminution brutale des températures sur ces extinctions dans l'Amérique du Nord au PléistocènePléistocène sont néanmoins encore débattus.
Expansion, coexistence et déclin en Amérique du Sud
À la même période, en Amérique du Sud, 82 % de la mégafaunemégafaune a disparu, celle-ci étant composée notamment d'espèces apparentées aux chevaux, lamaslamas, éléphants et paresseuxparesseux actuels. De plus, les sites au niveau desquels ont été retrouvés des restes de grands mammifèresmammifères préhistoriques ont également livré des vestiges de pointes de projectiles lithiques dites en « queue de poissonpoisson ». Les restes osseux des mammifères présentent également des marques de transformation ou de consommation par l'être humain.
Une récente étude, dernièrement publiée dans Nature, a analysé les dynamiques de la mégafaune en Amérique du Sud au Pléistocène en lien avec les modifications de densités humaines, prouvant que les populations humaines et celles de mégafaune coexistaient souvent sur un même territoire. Au terme de cette étude, les auteurs suggèrent que, si l'Amérique du Sud a été colonisée vers 15.000 ans avant J.-C., l'abondance de la mégafaune n'a pas été affectée par le comportement des humains qui étaient alors chasseurs-cueilleurs.
En revanche, lorsque la densité de mégafaune était maximale sur le continent, les espèces ont colonisé des environnements ouverts tels que les steppessteppes de la Pampa ou de la Patagonie et les chasseurs-cueilleurs ont dû commencer à les chasser intensément grâce aux nouveaux projectiles en queue de poisson. Cette chasse a probablement précipité la chute de l'abondance de la mégafaune, puis le déclin logique de l'utilisation par l'Homme des pointes de projectiles en queue de poisson.
Dans le cas de l'Amérique du Sud, les variations climatiques naturelles étaient récurrentes avant toute présence humaine sur le territoire. Or, les extinctions de mégafaune n'ont été observées qu'après l'arrivée de l'Homme, ce qui suggère, dès le Pléistocène, un impact direct des activités anthropiques sur la démographie de la mégafaune.