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Aujourd'hui âgé de 15 ans, William Gadoury avait déjà, en 2014, attiré l'attention de membres de l'Agence spatiale canadienneAgence spatiale canadienne quand lui a été décerné le premier prix de la finale québécoise de la Super Expo Sciences Hydro-Québec. Le jeune garçon, en effet, se passionne pour les Mayas depuis un certain temps
L'adolescent savait donc qu'ils étaient de remarquables mathématiciensmathématiciens et astronomes, comme l'attestent des indices fourmillant dans leur architecture et leur religion. Parce qu'il ne comprenait pourquoi nombre de leurs cités ont été construites dans des régions peu hospitalières, William a eu l'idée de chercher une explication du côté des théories des prêtres-astronomesastronomes.
William Gadoury nous parle de sa découverte. © France 2
La carte des cités mayas serait celle de leurs constellations
Par exemple, la disposition de nombreux temples est en rapport avec les mouvements du Soleil et des étoiles. C'est le cas de la tombe de Pacal, un des rois de Palenque. À Uaxactún, trois temples marquent également la position du Soleil levant au moment du solstice d'été, des deux équinoxes et du solstice d'hiversolstice d'hiver.
William a donc cherché si la localisation géographique des cités mayas avait une quelconque connexion avec 22 des constellationsconstellations considérées par cette culture. À sa grande surprise, il pouvait effectivement expliquer de cette façon la distribution de plus de cent villes et l'hypothèse semblait d'autant plus convaincante que les étoiles les plus brillantes des constellations correspondaient aux plus grandes villes mayas.
Mais, en ajoutant une 23e constellation, une 118e cité manquait à l'appel, dans la péninsulepéninsule du Yucatan, au Mexique. Le jeune adolescent a donc postulé que cette ville existait et a commencé à en parler à des membres de l'Agence spatiale canadienne, tout en cherchant à la localiser sur des images satellitaires.
Un documentaire canadien, en français, sur la civilisation maya et la cité de Palenque. Voici la première partie. © Musée canadien des civilisations (MusCanCiv)
La cinquième plus grande cité maya ?
Sa démarche a été prise au sérieux par Armand LaRocque, spécialiste en télédétection de l'université du Nouveau-Brunswick, et par Daniel De Lisle, qui étudie la Terre depuis l'espace avec des radars pour l'Agence spatiale canadienne. Selon les deux chercheurs, il semble que des structures évoquant une pyramide entourée d'une trentaine d'autres constructionsconstructions émergentémergent effectivement du traitement numériquenumérique des données satellitaires. Très encouragé, William Gadoury a baptisé en dialecte maya cette cité perdue depuis près de mille ans K'àak' chi', soit Bouche de feufeu.
L'histoire est belle mais l'annonce peut cependant laisser perplexe. Aucune publication dans un journal scientifique ne vient étayer la thèse d'une correspondance entre les constellations mayas et la localisation géographique de leurs cités. Il manque également une publication des observations satellitaires démontrant l'existence d'une métropole restée cachée. Pourtant, la découverte serait d'importance car cette ville mystérieuse pourrait bien être l'une des plus grandes villes mayas.
La seconde partie du documentaire sur les Mayas. © Musée canadien des civilisations (MusCanCiv)
La mystérieuse cité maya attend ses visiteurs
L'idée du jeune William est certes ingénieuse et son travail force l'admiration et le respect. Il n'est pas question non plus de dénigrer le travail des deux chercheurs qui l'ont pris sous leurs ailes. Mais il est facile de trouver des corrélations qui ne résistent pas à une analyse critique et serrée des données (souvenons-nous du visage sur Mars). Certes, les Nazcas ont réalisé de remarquables géoglyphes sur plusieurs kilomètres et les Mayas étaient des astronomes et des architectesarchitectes remarquablement doués. Toutefois, pour répartir ainsi leurs villes selon le dessin de constellations, leurs ingénieurs auraient dû maîtriser des techniques de géodésiegéodésie sophistiquées et dresser des cartes précises à grande échelle. Ces cités, en effet, s'étalent sur un territoire très vaste, où les distances se mesurent en centaines de kilomètres.
Une publication est semble-t-il prévue dans un journal scientifique. Espérons qu'elle accréditera suffisamment l'hypothèse de William pour que des fonds soient rapidement débloqués pour que des archéologues l'emmènent avec eux à la recherche de K'àak' chi', seul moyen de vérifier si elle existe réellement.