En plein cœur d’Istanbul, des années de recherches archéologiques finissent par payer et ouvrir de nouvelles portes sur le passé de la ville. Sur un site particulièrement ancien, les scientifiques exhument et analysent des dizaines d’artefacts provenant de différentes époques. 


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    La ville la plus iconique de Turquie est aussi l'une des plus riches d'histoire. Autrefois baptisée Byzance, puis Constantinople et finalement Istanbul, la métropole de quinze millions d'habitants est le théâtre de fouilles archéologiques d'ampleur. Ces recherches permettaient récemment d'excaver de nouveaux vestiges : autant de bâtiments que de sépulturessépultures anciennes et des bâtiments militaires. Un article publié dans Türkiye Today faisait l'état de l'avancée des recherches dans le port d'Haydarpasa. Située sur la rive orientale du Bosphore, la zone s'avère être une véritable mine d'or pour les archéologues, à l'œuvre depuis 2018. Les artefacts et bâtiments retrouvés datent de diverses époques à travers les siècles.

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    Sur plusieurs centaines de mètres carrés, les chercheurs s'activent à découvrir les secrets dissimulés dans les tréfonds de la capitale. Les objets découverts depuis 2018 permettent d'établir une classification par périodes : l'ère classique et hellénistique, la domination romaine puis byzantine, l'enracinement de l'Empire ottoman et enfin l'ère contemporaine avec la République. Le chantier d'Haydarpasa est culturellement hétéroclite, démontrant l'importance du quartier au cours de l'Histoire.

    Image du site Futura Sciences

    C’est un véritable dédale de bâtiments et de vestiges que les archéologues fouillent depuis 2018 à Haydarpasa. © AA Photo, Istanbul Archaeological Museums

    L'histoire d'Istanbul et d'Haydarpasa débute réellement dès l'Antiquité, comme le démontre la découverte de tombes abritant une petite quantité de pièces. Frappée des symboles de Byzance et Chalcédoine, cette monnaie aurait été produite entre le IVe et le Ve siècle avant J.-C, en pleine expansion du monde grec. Le directeur des Musées archéologiques d'Istanbul, le Docteur Rahmi Asal, rappelle toutefois que la fondation d'Istanbul précède l'arrivée des voyageurs grecs, avec des traces de campements dans la région dès le Néolithique. D'autres structures apparaissent dans les tranchées d'Haydarpasa. La christianisation due à l'émergenceémergence de l'Empire romain d'Orient se constate avec la présence d'un bâtiment religieux, l'église Sainte-Bassa. Après l'hégémonie romaine, le christianisme se diffuse à Constantinople à partir du IVe siècle. À proximité des vestiges de l'église, un palais destiné à l'évêque était construit à la même période, restant occupé au cours du Moyen-Âge.

    Un site archéologique massif bientôt ouvert au grand public

    Haydarpasa continue d'être un lieu important de la période ottomane, alors que Constantinople devient un pont entre l'Europe et l'Asie. Un autre vestige, un peu plus insolite, témoigne d'une époque bien plus récente mais trouble. En 2021, les archéologues tombaient sur un bunker de la Seconde Guerre mondiale, de façon presque fortuite. Une véritable manne historique que les universitaires et les autorités comptent bien exploiter, tant pour mieux comprendre la chronologie de la ville que pour l'exposer aux touristes et visiteurs.

    La gare d'Haydarpasa, en cours de rénovationrénovation, devrait ouvrir ses portesportes d'ici à 2026. La municipalité a déjà exprimé sa volonté de rendre le site archéologique accessible une fois les fouilles conclues. Les archéologues estiment que la mission touche à sa fin, avec 90 % du site excavé. Si l'ouverture d'un nouveau musée n'est pas à l'ordre du jour, les artefacts seront répartis dans les institutions de la métropole turque.