Cent-cinquante ans après sa découverte dans le sud de la Grèce, le masque d’or d’Agamemnon continue d’attiser la curiosité des historiens. Aurait-il vraiment recouvert le visage du roi mythique de l’Iliade, ayant lui-même activement participé à la guerre de Troie ?


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    En 1876, l'archéologue Heinrich Schliemann retrouvait l'un des artefacts les plus iconiques de la Grèce antique lors de fouilles dans le Péloponnèse. Le « Cercle funéraire A », situé à l'entrée de la cité antique de Mycènes, abritait de nombreux objets enfouis dans des tombes, dont un masque d'or. Le chercheur allemand tente d'identifier l’origine du masque funéraire. Ce dernier impressionne par ses caractéristiques et Schliemann émet rapidement l'hypothèse qu'il aurait été apposé sur la dépouille du roi grec et héros de l'Iliade nommé Agamemnon. Commence alors une controverse de plusieurs décennies portant sur l'origine réelle de l'artefact.

    Prouver l’existence d’un héros mythique de l’Iliade

    Roi de Mycènes, Agamemnon est considéré comme une figure semi-mythologique, ayant acquis une popularité chez les peuplades archéennes et mycéniennes du sud de la Grèce. Apparaissant dans les écrits d'Homère, plus précisément dans l'Iliade, il aurait mené l'armée achéenne au cours de la guerre de Troie, acquérant alors une grande renommée. Dans les écrits d'Homère, il meurt de la main de son cousin après que ce dernier est devenu l'amant de sa femme. L'existence d'Agamemnon n'a cependant jamais été prouvée.

    La tombe d’Atrée est ici représentée dans une gravure de l’explorateur italien Simone Pomardi, au début du XIX<sup>e</sup> siècle. © Simone Pomardi
    La tombe d’Atrée est ici représentée dans une gravure de l’explorateur italien Simone Pomardi, au début du XIXe siècle. © Simone Pomardi

    Pour les archéologues, fouiller la nécropole de Mycènes était l'opportunité de retrouver de potentielles traces de ces personnages légendaires. Dans l'ancienne cité royale, neuf tombes appelées « tholos » ont été excavées depuis la redécouverte de Mycènes au cours du XVIIIe siècle. L'une des tholos s'enfonce dans une petite colline, l'édifice prenant la forme d'une rotonderotonde. Lors de son exploration, Schliemann la baptise « Trésor d'Atrée », du nom du père d'Agamemnon. La désignation de la tombe comme étant celle d'Agamemnon semble toutefois relativement arbitraire, si ce n'est pour le masque d'or recouvré par l'archéologue allemand.

    Un masque en or forgé avant la guerre de Troie ?

    Le masque finement ciselé retrouvé dans le Cercle funéraire A pourrait effectivement avoir appartenu à une personnalité importante, voire royale, de la citadelle mycénienne. Retrouver un tel objet signifiait non seulement mettre la main sur le roi mythique, mais aussi renforcer la possibilité que la guerre de Troie, dont l'historicité est encore largement débattue, se serait effectivement produite. Néanmoins, certains éléments semblent ne pas concorder. Rien ne lie formellement le masque d'or à Agamemnon, et certains historienshistoriens et contemporains de Schliemann évoquent l'hypothèse selon laquelle l'Allemand aurait placé sciemment l'artefact sur le site. D'autres remettent simplement en question son authenticité.

    L’historicité de la guerre de Troie fait débat. Si elle peut avoir eu lieu vers 1200 avant J.-C., les preuves matérielles viennent à manquer. © Giovanni Battista Tiepolo, <em>National Gallery</em> de Londres
    L’historicité de la guerre de Troie fait débat. Si elle peut avoir eu lieu vers 1200 avant J.-C., les preuves matérielles viennent à manquer. © Giovanni Battista Tiepolo, National Gallery de Londres

    Le masque d’or, exposé au Musée archéologique national d'Athènes, est scruté depuis plus d'un siècle et demi. De plus récentes analyses laissent à penser que le masque aurait été forgé vers 1500 avant J.-C.

    Selon les auteurs de la Grèce antique, tels que Sophocle ou Euripide, la guerre de Troie serait survenue entre le XIIIe et le XIIe siècle avant J.-C. - bien des siècles après la création de ce facièsfaciès iconique. Malgré la documentation antique, la fin de l'âge de bronze et les événements entourant les récits légendaires d'Homère demeurent de véritables mystères.