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C'est confirmé : le navire de 23 mètres de long retrouvé au fond de la mer Noiremer Noire en 2017 est bien l'épave la plus vieille du monde. Son âge (400 ans av. J.-C.) vient d'être vérifié par datation au carbone 14datation au carbone 14, qui permet de mesurer la radioactivité résiduelle dans les matériaux organiques. Situé au large de la Bulgarie, à 80 kilomètres au large de la ville de Burgas, ce trésor archéologique fait partie du véritable cimetière marin découvert au fond de la mer Noire par l'expédition Black Sea Maritime Archeology Project (MAP). Dirigée par l'Université de Southampton et des institutions scientifiques bulgares, celle-ci a déjà recensé, à l'aide de robots téléguidés, plus de 60 bateaux, dont des vaisseaux de commerce romain et des navires cosaques du XVIIe siècle.
L’ancien navire grec a été retrouvé en mer Noire à plus de 2 kilomètres de fond. © Black Sea MAP, EEF Expeditions
Un état de conservation exceptionnel
Mais cette dernière trouvaille est certainement la plus significative. « Je n'aurais jamais pensé qu'il serait possible de retrouver intact, à deux kilomètres de profondeur, un navire datant de l'Antiquité » s'enthousiasme Jon Adams, directeur du Centre d'archéologie maritime de l'université de Southampton. Le navire se trouve en effet dans un état de conservation remarquable : son gouvernail, le banc des rameurs et le contenu de la cale sont ainsi quasiment intacts. À 2.000 mètres sous la surface, l'eau est pauvre en oxygène, ce qui évite la dégradation des matériaux. C'est aussi cette profondeur qui a mis cette épave à l'abri d'éventuels pillards.
Ce type de bateau n'avait jusqu'ici été observé que sur les décorationsdécorations d'anciennes poteries grecques. Il ressemble notamment à celui représenté sur un vase en céramiquecéramique datant de 480 ans av. J.-C. et exposé au British Museum à Londres.
Des dizaines d'épaves de navires découvertes au fond de la mer Noire
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 18/11/2016
Une expédition partie sonder les anciens rivages de la mer Noire inondés depuis la fin de l'ère glaciaire a eu la belle surprise de découvrir des dizaines de navires coulés datant de différentes périodes. Les techniques d'imagerie dernier cri dont ils disposaient offrent des vues stupéfiantes de ces épaves étonnamment bien conservés.
Les chercheurs de la mission Black Sea MAP (Black Sea Maritime Archaeology Project, en français : projet d'archéologie maritime en mer Noire) ne s'attendaient pas à ces découvertes extraordinaires : pas moins de 40 navires datant de différentes périodes des deux derniers millénaires ont été retrouvés dans un état de conservation remarquable sur les fonds marins près de la côte bulgare. « Ces épaves sont un bonus complet, a déclaré à leur sujet Jon Adams, qui a dirigé ces opérations. Une découverte fascinante, trouvée au cours de nos vastes investigations géophysiques. »
À l'origine, le fondateur du Centre d'archéologie maritime de l'université de Southampton et tous les membres de son équipe internationale ont embarqué sur le vaisseau Stril Explorer doté de technologies dernier cri pour sonder les fonds marins. Leur objectif ? Enquêter sur le passé de la mer Noire pour en réaliser une reconstitution paléoenvironnementale. Plus exactement, au moyen de datations de prélèvements, tenter de comprendre ce qui s'est passé lors des grandes inondationsinondations provoquées par la fin de l'ère glaciaire, il y a plus de 11.000 ans. « Nous nous efforçons de répondre à des questions très débattues sur le moment où le niveau de l'eau a augmenté, sur la rapidité de son action et sur ses effets sur les populations humaines qui vivaient sur cette partie de la côte bulgare de la mer Noire », a-t-il expliqué. Il y avait en réalité un lac d'eau douceeau douce auparavant, et c'est d'ailleurs pour cela que les épaves qu'ils ont débusquées sont en si bon état.
Reproduction photogrammétrique de l’arrière d’un navire datant de l’empire ottoman. © EEF, Black Sea MAP
Un véritable trésor archéologique
C'est en effet parce que la couche d'eau profonde, à plus de 150 mètres de profondeur, est pauvre en oxygène, au contraire des niveaux supérieurs, que le boisbois des navires gisant au fond est si bien préservé. L'équipe a pu explorer cet environnement sombre et glacial au moyen de deux ROV (Remotely Operated Vehicles).
L'un est équipé d'appareils de photogrammétrie 3D en haute résolutionrésolution. L'autre, Surveyor Interceptor, est qualifié de révolutionnaire à la fois pour sa vélocitévélocité et pour sa suite d'instruments, parmi lesquels des caméras en haute définition et des lasers. « En utilisant la dernière technique d'enregistrement 3D de structures sous-marines, a commenté Jon Adams, nous avons pu capturer ces images étonnantes sans perturber le fond marin. »
Reproduction photogrammétrique d’un navire datant de la période byzantine. Au premier plan, le ROV Surveyor Interceptor. © EEF, Black Sea MAP
Sur une surface couvrant 2.000 km2, ils ont donc fait la découverte inattendue de 41 épaves de navires. Plusieurs (si ce n'est pas tous) ont conservé leurs décorations mais aussi les gouvernails, les cordages, etc., en bon état, comme si le naufrage qui les a perdus était survenu il y a quelques jours...
Pour les futurs archéologues qui engageront dès que possible des fouilles approfondies, ces bateaux sont des mines d'informations sur les époques auxquelles ils appartiennent. Quelles marchandises transportaient-ils ? Comment les marins étaient-ils vêtus ? Quels objets possédaient-ils ? Où se rendaient-ils ?, etc. Il est encore trop tôt pour avoir de tels détails mais les archéologues ont déjà reconnu des navires marchands sous pavillon de l'empire byzantin et d'autres, plus récents, de l'empire ottoman. De grandes et belles surprises les attendent lors des prochaines expéditions...