La période néolithique est fascinante puisqu'il s'agit d'un moment de transition important avec une sédentarisation qui va profondément transformer les rythmes de vie des individus. Lorsque les archéologues turcs ont découvert sur le site de Sayburç, une roche sculptée de plus de trois mètres de long, ils ont compris qu'ils étaient face à un site d'importance pour la période en question. L'occasion de s'intéresser aux figures représentées lors de cette exceptionnelle découverte.
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Lorsque l'on pense à des sites notables de la période en Turquie, on pense majoritairement aux deux sites de Göbeklitepe et Karahantepe au sud-est du pays. Deux sites qui continuent à intriguer les scientifiques pour comprendre les coutumes, les rites et les us des populations qui y ont vécu il y a des milliers d'années. Lorsque des piliers ou éléments monumentaux sont découverts sur des sites de ces périodes, ils permettent de comprendre l'organisation spatiale au moment de son occupation. En découvrant des ornements, de nouvelles questions émergentémergent quant aux références stylistiques de l'époque.
Une frise monumentale avec des animaux et des humains
La découverte faite en 2021 a de quoi intriguer. Sur cette roche, de 3,7 mètres de long, mise au jour dans un ensemble de bâtiments anciens en dur, plusieurs éléments sont visibles. On y voit cinq figures avec deux différentes techniques. En effet, un individu se détache à droite du panneau sculpté en haut-relief, tandis que les autres figures s'avèrent moins proéminentes. Dans la main droite de l'individu se trouve son pénispénis. Il semble en position assise avec ses genoux en avant et arbore un collier. Il est entouré par des léopardsléopards représentés de profil aux dents visibles. À gauche se trouve un individu représenté de profil et semblant accroupi et il fait face à un taureau.
Plusieurs perspectives dans les représentations
En observant le panneau, on constate que tous les personnages ne sont pas représentés de la même façon, ni avec la même technique ni dans les mouvements ou la perspective. Le taureau à gauche est représenté vu du dessus, ce qui permet d'accentuer la taille de ses cornes. Tout comme la taille des dents des léopards sur le panneau de droite. Le pan représentant le taureau fait penser à d'autres types d'œuvres préhistoriques, tandis que le pan représentant les léopards trouve écho sur d'autres sites néolithiques. Néanmoins, cette découverte ne donne aucune clé sur le rôle de cette frise.
Quel usage pour cette frise narrative ?
Comme pour toutes les sociétés sans écrits, il est très difficile de déterminer avec certitude les croyances qui les concernent. La question principale, ici, est d'essayer de comprendre l'usage de cette frise et ce qu'elle représente. Elle a été comparée à d'autres sites néolithiques turcs présentant d'autres figurations d'humains et d'animaux, mais ils ne sont pas tout à fait similaires au site en question.
Les chercheurs s'interrogent sur la relation entre les deux pans et s'ils ne seraient pas à l'origine d'une représentation de récit liée à une tradition orale. Une question à laquelle il est difficile de répondre avec certitude. Est-ce que les Hommes du Néolithique se battaient avec des animaux féroces ? Est-ce qu'il y avait une dimension rituelle à ces représentations ? Autant de questions qui restent sans réelle réponse pour le moment. D'où la grande prudence à adopter lorsque l'on aborde les sociétés sans écrits pour ne pas transposer notre regard contemporain sur des usages anciens.
La bonne nouvelle, c'est que ces fouilles et cette découverte vont permettre d'allouer plus de budget afin de continuer les recherches et étendre la zone de fouilles. De quoi envisager de belles découvertes en Turquie sur ce site néolithique dans les mois et années à venir afin de mieux comprendre son organisation.