Une villa romaine, perdue de vue il y a près d'un siècle, vient de faire l'objet de nouvelles découvertes. De somptueuses mosaïques. Dévoilées à Negrar di Valpolicella, dans le nord de l'Italie, celles-ci sont dans un très bon état. Clément Salviani, doctorant en archéologie et professeur agrégé d'histoire, nous éclaire sur ces œuvres datant de l'Empire romain.
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Quelques mètres sous les vignobles de Negrar di Valpolicella (Italie), les fouilles de la Società Archeologica ont dévoilé des mosaïques très bien conservées. Elle proviendrait du sol d'une villa romaine, et différents experts la situent entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C.. « Certains motifs géométriques sont similaires à ceux de nombreuses mosaïques contemporaines de Rome, Pompéi, ou de la mosaïque de l'Ivresse d'Hercule à Lugdunum, par exemple », explique Clément Salviani, doctorant en archéologie et professeur agrégéprofesseur agrégé d'histoire.
Un détail précieux pour dater la découverte au cœur de l'Empire romain. En attendant que la suite des investigations permettent de préciser l'époque. « La mosaïque est une technique héritée de l'expansion du territoire romain autour de la Méditerranée, indique Clément Salviani. Elle est le produit de l'art grec de l'époque hellénistique [entre 323 et 30 avant J.-C., ndlr] et des contacts entre Rome et les cités d'Orient. Mosaïque est d'ailleurs un mot qui vient des "muses", ces divinités des arts et de la création poétique. »
© Società Archeologica
Les vestiges d'un domaine agricole de l'aristocratie romaine
La villa dont feraient partie ces mosaïques avait été observée pour la première fois en 1922. Mais le site a ensuite été abandonné car, n'ayant pas fait l'objet d'une localisation précise, il n'a simplement pas pu être retrouvé. Jusqu'à ce qu'en 2019, des archéologues parviennent à remettre la main dessus !
Il s'agirait plus précisément d'un grand domaine agricole. « À partir de la fin de l'époque républicaine [27 avant J.-C., ndlr] et au long de l'époque impériale [jusqu'en 476, ndlr], les domaines agricoles des aristocrates romains se parent de décors de plus en plus somptueux, afin d'orner les parties résidentielles et d'agrément de ces demeures qu'on appelle les "villae" », expose Clément Salviani. Les découvertes de la Società Archeologica témoigneraient alors du développement de ces domaines.
Et leur excellent état serait dû aux techniques de constructionconstruction introduites par les Romains qui se sont approprier l'art de la mosaïque. Ils ont notamment lié leurs mosaïques à du mortier de chauxchaux. Une sorte de béton romain étanche. « Il est destiné à accueillir et à fixer les petites tesselles colorées, qu'elles soient en verre, en pierre dure, ou en terre cuite. Cela permet de former le motif désiré. On parle d'opus tessellatum, ou "ouvrage en tesselles", mais aussi d'opus vermiculatum pour les mosaïques dont les tesselles font à peine un ou deux millimètres de côté, raconte Clément Salviani. C'est le cas, par exemple, pour la célèbre mosaïque d'Alexandre le Grand, découverte au sol de la "Maison du FauneFaune" à Pompéi. »