L’Histoire est parsemée de récits aux tons légendaires, ayant inspiré des aventuriers de fiction et les explorateurs du monde réel. De l’Atlantide à l’El Dorado en passant par Shambhala ou Avalon, Futura vous propose de revenir sur les traces de ces lieux mythiques, afin d’en comprendre les origines tout en analysant le vrai du faux.


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    Le Proche et le Moyen-Orient abritent de nombreuses régions foisonnantes de mythes et d'histoires légendaires. Parmi ces récits anciens, celui d'une cité perdue dans les sablessables de régions arides a suscité la curiosité des historienshistoriens et théologiens à travers les siècles. La Cité des Piliers, Iram, mentionnée dans le Coran, fait partie des légendes les plus populaires de la péninsulepéninsule arabique. Entre métaphores religieuses, contes millénaires relayés par les tribus locales et expéditions archéologiques, que sait-on aujourd'hui de ce site disparu, réputé pour sa prospérité et sa beauté, que l'on qualifie d'Atlantide des Sables ?

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    Une cité mythique évoquée dans l’islam

    C'est dans la sourate Al-Fajr 6-14 que la première mention d'Iram est faite :

    « N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi avec les 'Âd.

    [avec] Iram, aux colonnes remarquables,

    Dont jamais pareille ne fut construite parmi les villes ? »

    Image du site Futura Sciences

    Claude Ptolémée a conçu plusieurs « Tabula Geographicae », détaillant la péninsule arabique et pointant un lieu rappelant l’histoire d’Iram… © Gerhard Mercator

    Car Iram aurait été une métropole colossale, reconnaissable à ses bâtiments agrémentés de vastes colonnes. Des universitaires et religieux ont tenté de décrypter la mention à Iram faite dans le livre sacré de l'islam. Elle pourrait renvoyer à un lieu ayant effectivement existé durant l'Antiquité, mais aurait aussi une fonction spirituelle servant le récit religieux dépeint dans le Coran. Comme l’Atlantide chez Platon ou Sodome et Gomorrhe dans la Bible, la mention d'Iram est l'expression de l'impuissance face aux forces divines, et malgré l'apparente opulence de la cité. Tandis que ses habitants, les 'Âd, se détournaient d'Allah, le prophète Hud arrivait dans la ville pour restaurer la foi de ses habitants. En vain, ces derniers ayant succombé à l'orgueil, la luxure et l'hérésie. Le désertdésert aurait alors englouti la riche cité, sans que sa localisation ne soit jamais précisée...

    Des recherches archéologiques centrées autour d’écrits religieux

    Malgré la rareté des sources primaires racontant le destin d'Iram, de nombreux savants, explorateurs et universitaires ont voulu déterminer la véracité du mythe. Et pourquoi pas, découvrir de potentiels vestiges archéologiques dans le processus. Il était alors nécessaire pour les chercheurs de trouver d'autres sources, des éléments concordants. Au IIe siècle de notre ère, le philosophe et mathématicien grec Claude Ptolémée établit une carte de la péninsule arabique, sur laquelle une région baptisée « Ubarite » attire l'attention des archéologues.

    De là, une confusion émerge. Certains estiment que le savant grec parlait d'une ville, d'autres penchent en faveur d'une région. Mais dans la tradition orale véhiculée par les Bédouins, Ubar était l'une des plaques tournantes du commerce au cœur du désert Rub’ al Khali. Cette vaste étendue de 650 000 kilomètres carrés est particulièrement austère. C'est pourtant dans cette mer de sable que les marchands avaient établi une ou plusieurs villes durant l'Antiquité pour faciliter le transit de marchandises.

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    En 1992, des excavations menées à Oman ont permis de recouvrer des vestiges archéologiques, que les chercheurs nomment Ubar. © Nasa, George Ollen

    Dans les années 1980, les technologies satellites déployées par la Nasa offrent de nouvelles visions de la Terre. Des chercheurs exploitent alors les images recueillies depuis l'espace pour scruter chaque fraction de terrain du Rub' al Khali, tentant de déceler les traces d'une ville dissimulée par le temps et les éléments. Une idée couronnée de succès : des traces de structures artificielles sont observées par des satellites d'imagerie.

    Au début de l'année 1992, une équipe dirigée par Juris Zarin, de la Southwest Missouri State University, parvient à exhumer un site archéologique dans la province de Dhofar, à Oman. Un fort octogonal avec plusieurs tours et quelques remparts ont provoqué la joie des archéologues. Mais trente ans après, les incertitudes demeurent. Rien ne prouve que le fort retrouvé en 1992 serait Ubar et il serait présomptueux d'estimer qu'Ubar et Iram serait une seule et même cité. Le mythe d'Iram pourrait être une déclinaison de l'abandon d'Ubar durant l'Antiquité. Mais peut-être que la Cité des Piliers repose toujours sous les sables du Rub' al Khali, des siècles après sa disparition.