Depuis plus de dix ans, les archéologues retournent la terre d’un site du sud-est de l’Inde, avec à la clé des dizaines de vestiges et artefacts découverts. Récemment, une dixième expédition révélait la présence d’un réseau d’acheminement de l’eau, vieux de deux millénaires.


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    Si les Romains savaient bâtir des canalisationscanalisations pour acheminer l'eau durant l'Antiquité, les peuples asiatiques n'étaient pas en reste. Au sud-est du pays, près de la ville de Keezhadi, un site archéologique du même nom accueillait récemment des chercheurs lors d'une dixième campagne de fouilles. Les excavations ont révélé la présence d'un réseau souterrain en terracotta. Cette structure cylindrique aurait permis d'acheminer de l'eau depuis une rivière coulant à proximité du site. Pour les universitaires indiens, cette découverte ouvre de nouvelles portesportes pour comprendre le passé antique de la région.

    L’un des plus vieux sites archéologiques en Inde

    En tout, ce sont dix cylindres de 36 cm de longueur et 18 cm de diamètre que les archéologues recouvraient à Keezhadi. Mis bout à bout, ces cylindres forment un pipeline de presque 1,74 mètre, placé dans une tranchée dirigée vers la rivière Vaigai. Plusieurs analyses ont permis de déterminer l'âge approximatif de la canalisation.

    Grâce aux datations au carbone-14, les archéologues ont réussi à établir l'époque de sa constructionconstruction, vers le VIIe siècle avant J.-C. Par ce biais, transitait une eau considérée comme pure. L'article relatant les recherches, publié sur The Industan Times, ne précise toutefois pas si une infrastructure dédiée au nettoyage de l'eau avait aussi été bâtie dans le secteur, à l'instar de ce que pouvaient faire les Égyptiens.

    Les fouilles de Keezhadi ont permis de découvrir un réseau souterrain, avec des canalisations pointant vers une rivière à proximité. © <em>Tamil Nadu Department of Archaeolgoy</em>
    Les fouilles de Keezhadi ont permis de découvrir un réseau souterrain, avec des canalisations pointant vers une rivière à proximité. © Tamil Nadu Department of Archaeolgoy

    Autres découvertes sur le site

    D'autres éléments sur le site sont prometteurs. Quatre graffitis en script Tamil-Brahmi ont été découverts, dans un ensemble plus vaste de 2 030 inscriptions, réparties sur d'autres chantiers de fouille. Le Tamil-Brahmi est l'une des plus vieilles écritures étudiées en Inde, avec une émergenceémergence prégnante vers le VIIe siècle avant J.-C. Ces dates correspondent à l'implantation de la culture Sangam dans le sud de l'Inde.

    Une société lettrée et prospère dans l’Inde antique 

    La période Sangam est relativement méconnue dans l'histoire de l'Inde. Les traces de cette culture sont observées dans le sud du pays et au Sri Lanka jusqu'au IIIe siècle de notre ère, avant qu'elle ne tombe progressivement dans l'oubli. Elle se veut pourtant importante, se basant sur un réseau d'universités, ou d'assemblées réunissant des savants et intellectuels. L'un des hauts lieux de la culture Sangam est la ville de Madurai, qui se situe à seulement 12 kilomètres du site de Keezhadi.

    Ce dernier pourrait, selon les archéologues indiens, permettre de redéfinir l'histoire de cette province par le prisme de la culture Sangam. Depuis les premières fouilles sur place en 2013, ce sont des dizaines d’artefacts anciens qui ont été découverts dans le secteur.

    Cette dixième campagne d'excavation s'est déroulée en coordination avec d'autres recherches archéologiques, dans les provinces adjacentes. La publication d'un rapport plus exhaustif serait un éclairage supplémentaire sur le quotidien des locaux, il y a plus de 2 000 ans.