Une découverte fortuite dans le sud de l’Italie vient lever le voile sur un pan légendaire de son histoire antique : des vestiges retrouvés dans une forêt datant du Ier siècle avant J.-C. marquent le site d’un affrontement entre le gladiateur Spartacus et les légions de Rome.


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    En Calabre, la forêt de Dossone della Melia abritait un secret depuis plus de 2 000 ans. Cachés entre les arbresarbres, une vaste structure et un réseau de tranchées attirèrent l'attention des archéologues au cours des dernières semaines. Ce qui apparaissait en premier lieu comme un simple murmur, serpentant sur près de trois kilomètres, s'est révélé être vieux de presque deux millénaires. La constructionconstruction en apparence artificielle a rapidement permis d'initier un chantier de fouilles, avec des découvertes surprenantes à la clé. Tout porteporte à croire que la forêt aurait été le site d'un affrontement majeur entre l'armée d'esclaves dirigée par le légendaire Spartacus et les légions commandées par la République de Rome comme le rapporte l'Institut d'archéologie d'Amérique

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    La fuite avortée d’un gladiateur de légende

    En 73 avant J.-C., Spartacus, un gladiateur originaire de Thrace, initiait une rébellion opposant un certain nombre d'esclaves à la République romaine. La « troisième guerre servile » dure deux ans et fait des milliers de morts. Spartacus mobilise au début 300 esclaves, réussissant notamment à combattre près de 3 000 soldats sur les pentes du VésuveVésuve, grâce à des ruses permettant d'obtenir des avantages stratégiques. Des environs de Naples, les rebelles s'enfuient vers le sud, tentant de rallier la Sicile depuis le continent. L'armée de Spartacus avoisine alors 100 000 hommes.

    Image du site Futura Sciences

    Les remparts retrouvés dans une forêt de Calabre pourraient bien avoir été le lieu d’un affrontement entre l’armée de Spartacus et les troupes de Crassus. © Andrea Maria Gennaro and al.

    Les anciens esclaves se retrouvent cependant dans l'incapacité à traverser le court détroit séparant l'Italie de la Sicile. L'armée se scinde, il devient alors capital de remonter dans les terres en évitant les littoraux, largement utilisés par les cohortescohortes romaines. C'est dans cette logique que Spartacus et ses troupes se retrouvent dans une forêt calabraise, face aux fortifications construites par les Romains.

    Crassus contre Spartacus

    La structure de Dossone della Melia est effectivement artificielle et aurait été construite spécifiquement pour contrer l'avancée des rebelles. Le philosophe Plutarque a notamment commenté les stratégies employées par général Marcus Licinius Crassus. Ce dernier semble avoir organisé la construction de ces remparts. Une décision judicieuse, les soldats romains ayant effectivement combattu sur le site. Pour preuve, les archéologues mentionnent la présence d'armes brisées telles que des glaives, des javelots et d'autres lames utilisées au combat. Les chercheurs n'évoquent toutefois pas de dépouilles exhumées sur place.

    La bataille finale aboutissant à la mort de Spartacus eut lieu en 71 avant J.-C., aux environs de la commune de Calabritto, au sud-est de Naples. L'affrontement fut particulièrement sanglant, voyant périr 60 000 fidèles de Spartacus, tandis que Crassus ne perdit que 1 000 hommes, commandant alors quatre légions. La mort de l'ancien gladiateur participe à forger sa légende : touché d'une flèche, il est représenté avec les armes à la main, combattant jusqu'à la fin. L'épopée de Spartacus a largement été documentée, mais la récente découverte en Calabre permet de déterminer la véracité des faits contés par les observateurs de l'Antiquité.