Les actes sacrificiels du passé nous semblent bien souvent difficiles à accepter à travers nos yeux contemporains. Et pourtant, la mission des archéologues qui travaillent sur ces sites est de mieux comprendre les raisons de ces pratiques. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que l’équipe de Gabriel Prieto du Huanchaco Archaeological Program découvre un site sacrificiel de la période Chimú au Pérou.
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Fin septembre 2022, sur le site de Pampa la Cruz, au Pérou, 76 dépouilles d'enfants sacrifiés de la culture Chimú ont été ajoutées à la longue liste des découvertes dans la région. Une liste qui compte tous sites confondus 302 corps d'enfants décédés entre l'an 1050 et l'an 1500 de notre ère. Ils n'ont pas été tués en même temps, le site de Pampa La Cruz révèle différents sacrifices de grande ampleur s'échelonnant sur 450 ans. Au total, six événements sont comptabilisés.
Au regard de cette chronologie, cela signifie que les sacrifices en question ont été effectués tout au long de l'existence de la culture Chimú de ses débuts à sa fin marquée par l'invasion inca. Il reste important de noter que la culture Chimú, dont la capitale était la ville de Chan Chan, s'est particulièrement démarquée par la qualité de ses productions matérielles et sa bureaucratie. Autrement dit, c'était une société très organisée, consciente de ses savoir-faire et puissante.
Des détails archéo-anthropologiques étonnants
La prochaine étape sera celle de l'étude des restes osseux. Lors des campagnes menées sur d'autres sites de ce type, il a été possible de mieux comprendre les méthodes de mise à mort dans le cadre sacrificiel. Des traces de découpe d'une main habituée ont été observées tant sur les animaux sacrifiés que sur les enfants, et consistent en une incision qui a marqué le sternumsternum avec une très probable cardiectomie, un prélèvement du cœur. Les derniers corps découverts auront le droit à leurs analyses ostéologiques pour savoir si la méthode est la même que sur les autres sites.
Sur le site de Pampa La Cruz, deux tertres abritant des corps se démarquent. Vingt-cinq corps ont été découverts sous le premier monticule, et 51 sous le second. Mais ce qui a vraiment intrigué les archéologues de l’équipe, c'est la façon dont ont été placés cinq individus de sexe biologique féminin. Elles sont à genoux face contre terre, leurs têtes se touchent formant ainsi une sorte de cercle. La taphonomie permettra de mieux comprendre les événements intervenus lorsque les corps ont été déposés et qu'ils ont commencé à se décomposer.
Des hypothèses déjà émises
Face aux centaines de corps déjà découverts sur les différents sites de la région depuis les années 2010, diverses hypothèses ont été avancées pour expliquer ces sacrifices de grande ampleur. Une réponse face aux conséquences météorologiques El Niño perturbant la vie quotidienne des locaux ? Occasions spéciales de l'histoire Chimú ? Les usages de cette culture restent mystérieux à bien des égards et seule la science pourra peut-être apporter de nouvelles hypothèses et des clés de compréhension de ces actes à destination de la communauté de cette époque.