L’un des sites archéologiques les plus mythiques du monde est de nouveau sous le feu des projecteurs. Au cœur de la Jordanie, dans la cité ancienne de Petra, une douzaine de squelettes et des dizaines d’artefacts ont été retrouvés devant la célèbre façade creusée dans la pierre. 


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    Au cœur de la Jordanie, la « cité rose » de Petra continue d'être le sujet d'un vif intérêt des archéologues. Ce monument, classé comme l'une des nouvelles merveilles du monde depuis 2000, était récemment le théâtre de fouilles couronnées de succès. CNN révélait le 12 octobre qu'une tombe avait été creusée sous la majestueuse façade en pierre taillée, dissimulant douze squelettes ainsi que des artefacts anciens. Selon les premières datations, ces objets seraient vieux d'au moins deux millénaires. Une découverte confirmant les thèses des spécialistes : tous les secrets de Petra n'ont pas encore été exposés.

    L’aboutissement de vingt ans de recherches

    La célèbre façade de Petra était le point d'orgue du troisième volet d’Indiana Jones et de sa quête pour le Graal. Devant les portesportes de ce tombeau, baptisé Khazneh, pas d'artefact biblique, mais une réussite notable à laquelle les archéologues travaillaient depuis 2003. Il y a vingt-et-un ans, des excavations prenaient place au niveau de la façade gauche du Khazneh. Fait rare, les archéologues trouvaient deux fosses funéraires, mais ne contenant que des fragments épars d'os et quelques artefacts. Ils espéraient ainsi déceler dans la foulée d'autres sépulturessépultures, mais finalement sans succès immédiat.

    Diverses techniques sont employées avant de parvenir aux résultats des fouilles dirigées en août. L'année précédente, en 2023, les chercheurs menaient des études géologiques et topographiques dans la zone, avec l'appui de l'American Center of Research (Acor). Ces derniers mois, l'Acor procédait à une analyse des souterrains de Petra à l'aide de radars dédiés à la captation d'ondes électromagnétiques. Les radars à pénétration du sol sont des moyens non invasifsinvasifs de recueillir des données sur les stratesstrates inférieures des sols. L'objectif est de détecter la potentielle présence d'éléments dignes d'intérêt afin de resserrer et de cibler le processus d'excavation.

    Le professeur Richard Bates, de l’université de St. Andrews, sonde les sols grâce à un radar dédié. © Matthew Vincent 
    Le professeur Richard Bates, de l’université de St. Andrews, sonde les sols grâce à un radar dédié. © Matthew Vincent 

    Une cité ancienne nimbée de mystères

    Les douze squelettes retrouvés devant les mursmurs de Petra n'ont pas encore été identifiés, mais ils représentent la plus grande moisson de restes humains recouvrés dans l'enceinte du site antique. Les artefacts enfermés dans la tombe pendant deux mille ans sont particulièrement bien conservés.

    Comme un écho aux aventures fictives du professeur Jones, l'une des céramiquescéramiques exhumées se présente sous la forme d'un calicecalice quelque peu rudimentaire. Il est probable qu'une partie des objets ayant été enterrés aient été détruits, dû aux conditions climatiques âpres en Jordanie, dont des inondationsinondations. Les récents chantiers à Petra augurent de plus nouvelles avancées pour déterminer l'origine du monument. Son utilité initiale soulève de nombreuses interrogations chez les historienshistoriens. Si la région est connue pour être habitée depuis le VIIe millénaire avant J.-C., Petra est quant à elle bien plus récente.

    Les premières pierres semblent avoir été posées au Ier siècle de notre ère, mais il faut attendre le IVe siècle pour que Petra prenne la forme caractéristique que nous lui connaissons aujourd'hui. La cité est bâtie par les peuples Nabatéens, dont l'origine remonte aux migrations babyloniennes et araméennes, s'établissant dans cette province de la Jordanie durant l'Antiquité. Elle devient par ailleurs la capitale du royaume nabatéen vers le IIe siècle. La ville change d'allégeance sous la domination des Romains, puis des Chrétiens et enfin des Musulmans, avant d'être progressivement abandonnée au cours du Moyen Âge. Les universitaires évoquent l'idée qu'une grande partie du site ait servi de mausolée à partir du IVe siècle.

    L'étude des squelettes devrait offrir plus de détails sur les individus ayant arpenté la cité antique, en attendant d'hypothétiques nouvelles fouilles sous le soleil jordanien.