Depuis la Préhistoire, les civilisations lèvent les yeux vers le ciel pour observer et tenter de comprendre les phénomènes astronomiques. Dans la Mésopotamie antique, les scribes tentaient même de prédire les événements à venir et les chercheurs s’affairent à décrypter ces messages énigmatiques venus du passé.


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    Elles reposaient au British Museum, sans que les chercheurs ne réussissent à déterminer leur signification. Quatre tablettes cunéiformescunéiformes en argileargile ont pourtant été déchiffrées par deux experts des cultures assyriennes et babyloniennes, Junko Taniguchi et Andrew George. Les deux universitaires publiaient récemment une étude dans le Journal of Cuneiform Studies, détaillant le résultat de leurs travaux. Ces mystérieuses tablettes se réfèrent au cycle de la Lune et plus particulièrement aux éclipses. Les quatre artefacts composent un seul et même texte, dont la teneur se veut sombre : elle anticipe de funestes événements, devant s'abattre sur des empires et des villes mésopotamiennes...

    La fin d’une dynastie à l’aune des éclipses de Lune

    Une étude diffusée en 1999 dans le Journal of the American Oriental Society mettait en exergue l'importance des exercices de divination en Mésopotamie. La plupart de ces textes, rédigés à partir du IIIe millénaire avant J.-C., se basent sur des phénomènes astronomiques. Plus particulièrement, ce sont les éclipses qui fascinent autant qu'elles inquiètent, spectaculaires et donc symboliques pour les sociétés proto-historiques et antiques.

    Cette tablette cunéiforme détaille une myriade d’évènements funestes en cas d’occurrence d’une éclipse. © <em>British Museum</em>
    Cette tablette cunéiforme détaille une myriade d’évènements funestes en cas d’occurrence d’une éclipse. © British Museum

    Dans les tablettes récemment décryptées, ce sont de très lourds présages qui sont annoncés par les auteurs. Ainsi, si une éclipse survenait « durant la matinée », cela pouvait signifier la « fin d'une dynastie ». Si une éclipse était totale, « une dynastie s'éteindrait et un roi mourrait ». Une éclipse en fin de journée induisait un épisode de pestilence s'abattantabattant sur les terres mésopotamiennes. Les tablettes étudiées datent du IIe millénaire avant J.-C. et se réfèrent à la cité mésopotamienne d'Akkad, de laquelle est apparu l'Empire akkadien. Ce régime dominait la Mésopotamie entre 2334 et 2154 avant J.-C. Ces écrits cunéiformes sont une nouvelle preuve de l'importance accordée par les castescastes dirigeantes à l'astronomie et à sa symbolique.

    Aux racines de l’astronomie antique

    Un grand chapitre de l'histoire de l'astronomie s'ouvre dans le Croissant fertileCroissant fertile à partir du IIIe millénaire, que l'apparition des caractères cunéiformes permet de consigner. En suivant le cours des cycles de la Lune et du Soleil, les peuples babyloniens et assyriens pouvaient suivre le cours des saisonssaisons. Un facteur capital pour permettre le développement d’une agriculture florissante dans la région. Il est en revanche complexe de déterminer si les interprétations spirituelles des phénomènes astronomiques ont précédé les utilisations pratiques propres à l'agricultureagriculture.

    Si l'astronomie mésopotamienne est antérieure à la méthode scientifique développée par les savants grecs, elle était considérée très sérieusement par les prêtres des grandes cités. Ces derniers s'astreignaient à anticiper les mouvements des astres grâce à des calculs mathématiques. Ce fut le cas à Babylone, et la tradition se perpétua dans l'Empire perse.