La découverte d’un artefact romain à douze faces datant de l’ère romaine en Angleterre nommé « dodécaèdre » relance le débat sur l’utilité de ces objets énigmatiques. Pour les chercheurs, ils pourraient avoir servi lors de rituels interdits par les lois de l’Empire…
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À travers l'Europe, d'intrigantes structures datant de l'Antiquité, tenant dans la paume de la main, ont été retrouvées par les archéologues. Appelées dodécaèdres, comme la figure géométrique, elles suscitent la fascination des chercheurs et du grand public. Au cours de l'été 2023, lors d'une campagne de fouilles menée à Norton Disney, village du centre de l'Angleterre situé quelques kilomètres au nord-est de Nottingham, les archéologues mettaient la main sur l'un de ces artefacts manufacturés sous l'Empire romain.
Nous ne saurons peut-être jamais à quoi servaient ces objets…
Cet objet à 12 faces est l'un des 33 dodécaèdres découverts au Royaume-Uni. Un article publié le 29 avril par la BBC détaille les caractéristiques de la sculpture, mesurant environ huit centimètres de diamètre et pesant 245 grammes. Composé d'un alliage de cuivre, il est percé de plusieurs orifices circulaires et ses angles sont agrémentés de petites excroissances sphériques. Une véritable aubaine pour l'équipe d'archéologues, qui a immédiatement remis l'artefact à la branche archéologique du musée de Lincoln, à quelques kilomètres du site.
Si le premier dodécaèdre est découvert au XVIIIe siècle, leur utilité n'a toujours pas été déterminée. Plusieurs hypothèses ont été émises, sans qu'aucun document ni de preuves matérielles ne vienne appuyer les suppositions des historienshistoriens. Pour les professionnels ayant encadré la découverte de Norton Disney, les Romains auraient pu les utiliser « pour de la magie, des rituels voire des pratiques religieuses », selon Richard Parker, secrétaire du Groupe d'archéologie et d'histoire de Norton Disney. Mais selon ce dernier, « nous ne saurons peut-être jamais » leur fonction réelle...
Des indices pour comprendre l’existence des dodécahèdres
En plus de 250 ans, les recherches ont permis d'exhumer 130 de ces objets à travers les anciennes provinces septentrionales de l’Empire romain. Et tant en France, qu'en Allemagne ou aux Pays-Bas, l'incertitude plane. Mais les experts ont tout de même quelques idées derrière la tête, à commencer par Richard Parker et ses confrères archéologues. Ces derniers n'ont pas constaté de dégradations liées à l'utilisation de l'artefact de Norton Disney. Il n'aurait donc pas servi d'outil ou de pommeau de sceptre. Certains ont émis l'idée selon laquelle le dodécaèdre serait un instrument de mesures mathématiques ou astronomiques. Une fausse piste pour les historiens anglais, qui considèrent que la taille de l'artefact ne permet pas de l'utiliser en tant que tel.
Se confiant au Smisthonian le 22 janvier dernier, les universitaires britanniques penchaient pour une utilisation rituelle. La structure géométrique se révèle relativement fragile, mais aussi conçue avec minutie et rigueur : un exercice très probablement chronophage avec les outils de l'Antiquité. D'un point de vue strictement temporel, l'objet a été sciemment enterré sur le site de Norton au cours du Ier siècle. Une ère de bouleversements, les autorités romaines essayant de contenir la montée en puissance du christianisme à travers ses territoires. De quoi provoquer l'émergenceémergence de lois particulièrement restrictives punissant aussi les pratiques liées à la magie notamment. Une thèse intéressante mais relevant néanmoins de l'induction. Le dodécaèdre de Norton Disney est actuellement exposé au musée de Lincoln, ainsi visible pour les visiteurs.