L’un des plus importants sites archéologiques du Guatemala a révélé d’importants indices sur l’une des plus troubles périodes de l’ère maya. Les restes de quatre personnes, brûlés post-mortem il y a plus de 1 000 ans, pourraient être le marqueur d’importants changements politiques dans la région.
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En 2022, au cours de l'exploration d'une pyramide maya située au Guatemala, sur le site d'Ucanal, les archéologues faisaient une découverte pour le moins morbide. Au cœur de la structure reposaient depuis des siècles les restes brûlés de quatre individus, et des centaines d'artefacts ayant subi le même sort. La crémation des corps et les objets personnels brûlés retrouvés dans la pyramide pointent vers une profanation de sépulturesépulture. Plus de 1 000 ans après les faits, les chercheurs tentent désormais de comprendre la portée de cet acte brutal.
« Le feu est entré dans leurs tombes »
Une étude publiée le 18 avril dans la revue Antiquity liste les possibles explications concernant le macabre rituel s'étant déroulé sur le site d'Ucanal. La crémation se serait déroulée au cours du IXe siècle. Ucanal était alors la capitale du royaume K'anwitznal, avec à sa tête le roi Papmalil. Pour les archéologues, cette période est celle de changements politiques majeurs, avec une redéfinition des alliances. Une ère ayant duré presque trois siècles, que les historienshistoriens qualifient d'effondrementeffondrement de la civilisation maya classique. De nombreuses cités mayas étaient alors abandonnées dans la région des Basses-Terres, englobant le nord du Guatemala, le Bélize et le sud du Yucatán.
Des changements diplomatiques, politiques et donc sociaux, que les habitants d'Ucanal auraient « célébrés » en brûlant les restes de membres d'une lignée royale avant de les entreposer dans la pyramide. Les personnes incinérées, manifestement après leurs décès respectifs, avaient entre 21 et 35 ans pour les plus jeunes, entre 40 et 60 ans pour le plus âgé. Les individus B, C et D étaient des hommes, mais les restes étudiés ne permettent pas de determiner le sexe de l'individu A. La crémation des corps dans la culture maya est connue des chercheurs. Dans le cas des individus d'Ucanal, les universitaires évoquent un rituel, och-i k'ak' t-u-muk-il (« le feu est entré dans sa tombe »), qui pouvait marquer la célébration d'une dynastie dans certains cas spécifiques. Mais ici, le rituel aurait été symbole de « rupture », tel que le décrit dans la revue scientifique. Cette découverte confirme le pivot historique essuyé par la civilisation maya à l'aube du premier millénaire. De plus amples analyses pourraient permettre de déterminer avec précision l'identité des individus aux corps profanés il y a plus de dix siècles.