C'est une moisson de découvertes pour les archéologues du centre de l'Allemagne, qui ont découvert à Magdeburg un site datant du Néolithique. Sur une colline exploitée il y a 6 000 ans, les peuples de la Préhistoire ont bâti des sites funéraires d'ampleur, abritant notamment des traces de sacrifices d'animaux...
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La plus grande crainte des investisseurs immobiliers fait souvent le plus grand bonheur des archéologues. À 150 kilomètres à l'ouest de Berlin, en Allemagne, une campagne de fouilles débutait en 2023 pour sonder les sols de la périphérie de Magdeburg. Et la découverte n'est pas des moindres : au cœur d'une zone de 300 hectares reposaient les vestiges d'un site rituel et funéraire datant du Néolithique. Dans un communiqué publié le 15 mars, le Landesmuseum Für Vorgeschichte (musée de la Préhistoire de Saxe-Anhalt) révèle quelques détails concernant cette intrigante découverte.
Deux complexes funéraires massifs, vieux de 6 000 ans
C'est sur la colline d'Eulenberg que les archéologues ont concentré leurs recherches. En creusant les sols, ce sont deux chambres funéraires que les chercheurs ont réussi à exhumer. Mesurant 20 et 30 mètres de long, elles adoptent une forme trapézoïdale. Largement constituées de boisbois, les deux chambres ne sont séparées que de 200 mètres. Les universitaires ont rapidement pu établir l'âge de ces deux complexes, bâtis il y a environ 6 000 ans, ayant pu accueillir les restes de familles entières, fonctionnant comme une sorte de caveau.
L'âge du site correspond à la prédominance de la culture Baalberge au centre de l'actuelle Allemagne. Cette société du Néolithique, se distinguant notamment par son stylestyle de céramiquescéramiques, s'établit dans cette région autour de 3800 avant J.-C., s'enracinant durant 400 ans. Le style Baalberge évolue progressivement en 3400 avant J.-C. Le site d'Eulenberg est toutefois utilisé par les sociétés locales au cours du millénaire qui suit.
Des sacrifices d’animaux dans la culture préhistorique
L'écart de 200 mètres formé entre les deux chambres funéraires pourrait avoir servi de « couloir », utilisé lors de processions rituelles. Les archéologues ont recouvré des artefacts renvoyant à la culture des amphores globulairesglobulaires. Cette culture, prospérant de 3400 à 2800 avant J.-C., s'étendait sur une vaste partie de l'Europe centrale. En avançant sur le couloir processionnel, les archéologues découvraient la tombe d'un homme, dont âgé de 35 à 40 ans au moment de sa mort. En face du lieu de sépulturesépulture, des restes de bovins étaient retrouvés dans la foulée. Ces animaux avaient environ 3 ans au moment de leur exécution : ils pourraient avoir été sacrifiés, en offrande aux dieux, selon les archéologues. On retrouve des traces de sacrifices d'animaux en Europe datant du Paléolithique, rituels s'étant perpétués au Néolithique. À cette période, sacrifier des bovins était le signe d'une grande dévotion, le bétail étant une denrée précieuse des sociétés préhistoriques.
À Eulenberg, la campagne de fouilles devrait s'étendre jusqu'à avril 2024. D'autres tombes et chambres funéraires, plus récentes, ont été découvertes au cours des dernières semaines, suscitant l'enthousiasme des chercheurs. Le gouvernement fédéral allemand n'a cependant pas donné plus de détails concernant les mesures de préservation des vestiges.