L’est de l’Europe est un terrain riche en vestiges pour les archéologues travaillant sur l’épopée d’Alexandre le Grand. À l’ouest de la Turquie, un vaste terrain était passé au peigne fin ces dernières années, et pour cause : une célèbre bataille du début du règne du souverain y aurait pris place… 


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    Pour comprendre l'histoire de l'un des plus grands chefs politiques et militaires, il était nécessaire pour les archéologues de remonter aux sources de sa légende. En Turquie, des équipes de chercheurs pensent avoir trouvé un champ de bataille sur lequel se serait déroulé un affrontement majeur durant l'Antiquité, opposant les troupes d’Alexandre le Grand à celles de l'empire perse. Plusieurs dizaines de milliers de soldats auraient combattu dans un secteur proche de la ville de Çanakkale. Un affrontement documenté et plus connu des historienshistoriens sous le nom de bataille du Granique.

    Pour l’heure, les archéologues turcs n’ont pas diffusé de photos des découvertes à Granique. Cet unique cliché montrant des ruines antiques supposées alimente les spéculations. © Daily Sabah
    Pour l’heure, les archéologues turcs n’ont pas diffusé de photos des découvertes à Granique. Cet unique cliché montrant des ruines antiques supposées alimente les spéculations. © Daily Sabah

    Un site recherché depuis près de 150 ans

    C'est dans la plaine de Biga, à 100 kilomètres à l'est de Çanakkale, que les scientifiques passaient les 20 dernières années à ratisser chaque mètre carré dans l'espoir de trouver des vestiges anciens. Un pari gagnant, les archéologues identifiant donc des routes, mais aussi un campement militaire accolé à la cité d'Hermaion. Plusieurs éléments accréditent cette thèse, notamment l'excavation de tombes par des agriculteurs locaux. Dans certaines sépultures, des armes antiques sont exhumées avant d'être recouvrées par les autorités.

    D'autres observations étayent les assertions des archéologues. Ces derniers comparaient les sources primaires relatant la bataille, à savoir des témoignages donnant une idée de la topographie du terrain. Pour les scientifiques, les comparaisons semblent pertinentes et la récente découverte des tombes aux alentours de Biga vient appuyer l'hypothèse. D'autres comparaisons ont été faites avec les cours d'eau traversant la plaine pour retrouver le fleuve Granique ayant donné son nom à la bataille. Le site est recherché depuis le XIXe siècle, les travaux dans l'ouest de la Turquie s'avèrent être une avancée importante pour comprendre les premières conquêtes d’Alexandre.

    La route de la conquête vers l’est

    En accédant au pouvoir après la mort de son père, Philippe II de Macédoine, Alexandre se lance dans une grande entreprise de conquête, de l'est de l'Europe aux confins de l'Asie. Après avoir marché sur la Grèce, il traverse les Dardanelles et le détroit de Gallipoli vers les territoires perses. La sphère d'influence du roi Achéménide Darius III est alors instable, devant régler des révoltes enflammant l'Égypte en 335 avant J.-C. Ce sont alors près de 18 000 Macédoniens, répartis en régiments d'infanterie et de cavalerie, qui se massent aux portes de la Turquie.

    Le franchissement du fleuve Granique par les troupes macédoniennes est ici représenté par Charles Le Brun en 1665. © Charles Le Brun, Musée du Louvre
    Le franchissement du fleuve Granique par les troupes macédoniennes est ici représenté par Charles Le Brun en 1665. © Charles Le Brun, Musée du Louvre

    En tout, les historiens estiment que 90 000 hommes se sont affrontés à proximité du Granique. La bataille est une importante victoire pour Alexandre le Grand, permettant au roi de Macédoine de conquérir plusieurs provinces après le retrait des troupes achéménides.

    Défaire l’armée perse est un fait d'armes majeur qui permet d'assoir Alexandre comme un véritable meneur de guerre. Mais surtout, la bataille du Granique pose les bases des futures conquêtes de l'armée macédonienne. En s'établissant avec succès dans les provinces turques, Alexandre amorçait ainsi son épopée asiatique ayant permis de construire sa légende.