Les tombes portant les marques de sacrifices rituels sont particulièrement rares en Équateur. Pourtant, les archéologues exhumaient récemment le corps d’une jeune femme décédée il y a plus de 1 000 ans et violemment mutilée, suscitant de nombreuses interrogations chez les spécialistes.
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Mais qu'est-il arrivé dans cette sépulturesépulture retrouvée à Buen Suceso, à quelques kilomètres de la côte ouest de l'ÉquateurÉquateur ? Les archéologues déterraient ces dernières semaines des restes humains sur ce site rural et relativement reculé. Ce qui pourrait sembler être une découverte relativement commune prenait alors une tournure inédite, au vu de la disposition du corps dans la tombe. Les os seraient ceux d'une jeune femme ayant subi une mort particulièrement impressionnante : un violent choc physique ayant provoqué sa mort a été constaté lors d'un examen de médecine légalemédecine légale, ainsi que des actes visant à démembrer la victime. Elle semble avoir été sacrifiée entre le VIIIe et le Xe siècle de notre ère, une occurrence particulièrement rare en Équateur durant cette période.
Une mort d’une brutalité rarissime
La tombe fait partie d'un ensemble de six fosses accueillant les squelettes d'individus ayant vécu il y a plus de 1 000 ans. La violence exercée à l'encontre de la femme de la sépulture numéro dix a rapidement attiré l'attention des chercheurs. Dans une étude publiée le 23 janvier dans Latin American Antiquity, des archéologues de l'université de Charlotte, en Virginie, détaillent le processus mis en place pour analyser les restes de la supposée sacrifiée. L'un des examens clés est la datation au radiocarbone et l'examen des ossements pour déterminer le sexe et l'âge de l'individu.
![Les auteurs de l’étude ont reproduit la position dans laquelle le squelette de la sépulture numéro dix a été retrouvé. © Juengst, Rowe and al. Les auteurs de l’étude ont reproduit la position dans laquelle le squelette de la sépulture numéro dix a été retrouvé. © Juengst, Rowe and al.](https://cdn.futura-sciences.com/cdn-cgi/image/width=1024,quality=60,format=auto/sources/Croquis-tombe10.jpg)
Une femme âgée de 17 à 20 ans
Cette jeune femme aurait eu entre 17 et 20 ans au moment de son enterrement. Celui-ci se serait déroulé entre 771 et 953, une période correspondant avec la dominance de la culture Manteña-Huancavila, s'étant ancrée dans la région entre 650 et 1532.
Une trace de traumatisme sur le crânecrâne permet de déterminer qu'un violent coup a été porté à la tête de la victime, sans que les experts ne puissent affirmer que l'acte était intentionnel. Ses mains ainsi que sa jambe gauche ont été amputées post-mortem, avant qu'elle ne soit enterrée. Les poignets étaient attachés au moment de l’inhumation, placés derrière le pelvis lors de l'excavation. Une position singulière, à l'image du reste du corps. Des artefacts tels que des pendentifs étaient entreposés avec la dépouille. Mais la tombe aurait été ouverte bien après l'enterrement, pour déposer sur le torse de la femme une figurine brûlée...
Un événement inhabituel dans l’Équateur précolombienne
Ailleurs, en Amérique du Sud, d'autres civilisations ont pratiqué le sacrifice humain, à l'instar des Incas ou des Mayas. Mais la culture Manteña-Huancavila ne pratiquait aucun rituel de ce type, et n'a jamais été assujettie par les empires voisins. Comment interpréter la récente découverte de Buen Suceso ? Les universitaires l'indiquent en conclusion de l'étude : l'incertitude plane. Plusieurs théories émergentémergent toutefois pour tenter de fournir une explication.
![Plusieurs artefacts ont été prélevés dans la tombe. Leur signification est toutefois incertaine : ont-ils une utilité esthétique, rituelle ? © Juengst, Rowe <em>and al</em>. Plusieurs artefacts ont été prélevés dans la tombe. Leur signification est toutefois incertaine : ont-ils une utilité esthétique, rituelle ? © Juengst, Rowe <em>and al</em>.](https://cdn.futura-sciences.com/cdn-cgi/image/width=1024,quality=60,format=auto/sources/Artefact-tombe10.jpg)
Le démembrement et le retrait de parties spécifiques du corps pourraient être vus comme des châtiments, bien qu'aucun document n'indique la raison d'un tel traitement. La personne enterrée suscitait peut être la crainte de ses congénères. Il est possible que l'ouverture de la tombe pour y déposer une offrande brûlée ait été réalisée pour apaiser les inquiétudes autour d'un esprit vengeur ou d'une déité belliqueuse. Reste maintenant à déterminer si des fouilles étendues dans les environs permettraient de dévoiler l'existence de tombes similaires et d'essayer de comprendre la signification de ce rituel brutal.